jeudi 22 novembre 2012

Frank Lennon part II: la métamorphose

Quelques 180 photos plus tard, je crois qu'on peut le dire: OH. MY. GAWD.

Photo: Caroline Laberge/Costume: Natalie Talbot


En vous rappelant que même si j'ai ben du fun, je fais ça pour une bonne cause. Donnez généreusement à Movember.

vendredi 16 novembre 2012

Frank Lennon part I : ou comment se renouveler pour Movember

Trois ans déjà que je participe à Movember.  [DONNEZ ICI, MERCI!]

Je ne sais pas si vous avez déjà eu la chance de voir les concours des plus belles moustaches du monde? Quelque chose me dit que les types ont eu plus d'un mois pour se préparer...

En 2010, je l'ai fait sans trop m'en apercevoir. Changeant de visage au gré des jours. Optant au final pour le style "Undercover Brother", qui en a ému plus d'une!

Undercover Brother 2010


En 2011, ce fut la totale. Je relevai le défi de me concocter une Mo de type "Connoisseur". Les dons furent au rendez-vous, au-dessus de 1000$ pour ma seule moustache, quelques 2000$ pour l'équipe. Participation au Gala Party Movember. Nomination des juges pour la moustache de l'année!!! Presque... En 2011, j'ai triché. Comme je ne sais pas mentir, quand les juges m'ont demandé si j'avais commencé à la laisser pousser au début novembre, j'ai dû leur avouer timidement, dans un murmure: "Non, j'avais une grosse barbe il y a un mois..." :-(

Connoisseur 2011



2012. "Cette année, pas de triche!", me suis-je promis. Idiot! Il a été prouvé à maintes reprises que l'honnêteté ne paie pas. Même quand c'est pour une bonne cause... jusqu'à présent, j'ai amassé un maigre 20$.

Le 1er novembre, j'arborais donc visage glabre à rendre jalouses les fesses d'un poupon. Lui a succédé un duvet de moustache d'adolescent. Heureusement à mon âge, ça se soigne au bout de quelques jours. Et tranquillement, elle a pris forme.

Oh que oui! Je ne suis pas le genre de gars à laisser les choses au hasard. J'avais un plan. "A scheme", comme disent les Britishs. Tiens donc, parlant de Britishs... vous aviez déjà remarqué que je ressemble à John Lennon? OOOOOOHHH...

Frank Lennon 2012
Try to beat that!

Mon objectif cette année, ressembler le plus possible à l'image ci-contre d'ici le 30 novembre. Ça vous amuse? Movember amasse des dons au profit de la santé masculine; santé mentale, cancer de la prostate etc. On a un sérieux retard sur l'an dernier, mais on peut encore rattraper le temps perdu! [DONNEZ ICI, MERCI!]


vendredi 28 septembre 2012

dans la vie comme hockey (variation sur un même thème)

Un de mes amis utilisait une métaphore sportive pour dénoncer la hausse d'impôts : dans son exemple, le Québec est une équipe et ne devrait pas surtaxer un seul joueur - les riches. J'ai eu un flash! C'est peut-être la "game" le problème...

Je me demandais c'est quoi la "game" (croissance économique?) et est-ce que l'équipe gagne?!!

En ce moment, on a des superstars avec des "stats" de 4 buts par game... mais les joueurs "benchés" crèvent de faim, ceux qui font seulement les passes sont payés 10 à 100 fois moins et les vedettes ont le temps de glace, les chicks (excusez-moi mesdames) et les commanditaires.

Quand l'équipe gagne, c'est déjà à peine défendable. Quand l'équipe perd, je pense que le coach est en droit de se demander si Gomez fait la job! Ou au moins si on devrait revoir son salaire.

Et tant qu'on choisira de ne se soucier que de la NHL, on trouvera que même les Moen de ce monde ne sont pas à plaindre... jusqu'à ce qu'on se tourne du côté du sport amateur pour voir des athlètes avec le même potentiel et des ressources ridicules. Alors on se demandera: pourquoi? Parce que les ligues majeures cherchent le profit et font du cash, parce que la société a les valeurs un peu à l'envers et que le vedettariat, l'argent, le prestige et la rivalité sont plus importants que le reste.

Et un jour, on réalisera aussi que l'obsession de performance qui anime la majorité du système, même chez les amateurs, brûle ses principaux acteurs: les athlètes.

À la fin, on se redemandera. C'est quoi la game déjà (croissance économique?)? Est-ce qu'elle est saine? Est-ce qu'elle est le fun? Me semble qu'on était bien entre chums à jouer au hockey pour le plaisir, en s'améliorant à notre rythme et sans trier qui avait le droit de faire partie de "l'ÉQUIPE"!

jeudi 27 septembre 2012

pauvres riches...

"Ils ont augmenté les impôts? Scandale!" Pauvres riches...

Je ne désire pas simplement vous entretenir ici de la récente mesure du PQ: imposition supplémentaire rétroactive chez les mieux nantis; mais de la grogne systématique contre les hausses d'impôts.

Pourquoi est-ce si difficile de se priver quand d'autres possèdent ridiculement moins que nous? A-t-on souvenir d'une augmentation d'impôts qui ait été applaudie par les gens qu'elle vise?

Des pauvres riches, il y en a dans toutes les classes, à commencer par la classe moyenne. Je serais en faveur d'un impôt mondial!

J'ai passé mon enfance à Hochelaga-Maisonneuve et mon adolescence à Brossard, j'ai vu les écarts... que l'espérance de vie soit moins élevée de 10 ans dans certains quartiers d'une même province, ÇA, ça me scandalise!

Je souhaiterais à tout le monde un terrain et une maison de banlieue. Mais est-que 7 000 000 000 de personnes peuvent se permettre ça?

Il me semble que de défendre bec et ongle  notre confort personnel a quelque chose de méprisant pour les gens n'ont pas accès à ce niveau de confort...

Combien de famille québécoises ont un chalet? En même temps, la majeure partie de l'année, l'Accueil Bonneau sert plus de 1000 repas par jour (2% de la population de la circonscription!!!). "Par pitié, ne nous imposez pas d'avantage, on ne pourra pas effectuer les rénos du chalet avant l'an prochain!"

Pendant ce temps là, ici comme ailleurs, des gens couchent dehors toutes les nuits...

Quel serait le niveau de vie au Québec si on vivait en autarcie? Avec les salaire décents, les prix réels des ressources et les coûts environnementaux pour tout ce qu'on consomme?

Les riches d'ici ne le sont peut-être pas toujours au détriment des pauvres d'ici, mais certainement au détriment de quelqu'un quelque part. À ma connaissance, la planète ne peut pas soutenir le mode de vie de 7 000 000 000 de François Roy gagnant autour de 20 000$/an et habitant un 5 1/2 avec un coloc.

Au Québec, on est révoltés (avec raison) devant un docteur qui assassine ses enfants, devant Polytechnique, Dawson ou Colombine. Au Québec, on est solidaires en temps de crises (verglas, inondations, tsunami, Haïti). Le reste de l'année au Québec, on veut payer moins d'impôt...

Se soucie-t-on réellement du sort du monde? Réalise-t-on que la conscience est une notion globale? Que la vie serait plus paisible dans une société où l'on aurait à coeur le mieux être de tout le monde, tout le temps?

20 000$, 50 000$ ou 150 000$, nous sommes tous les "pauvres riches" de quelqu'un d'autre... quand les impôts augmentent, au lieu de se demander ce qu'on perd, pourquoi ne pas se demander ce qu'on a et que d'autres n'ont pas?

- Oui, mais moi j'ai travaillé dur.
- Oui, mais moi j'ai mérité ce que j'ai.
- Oui, mais moi mon travail est plus important.

Oui, mais toi, tu fais partie d'un monde où d'autres sont payés 3$/jour pour que tu aies des bananes à 49 sous la livre, un cell gratuit avec l'abonnement, des pièces de la maison réservées pour la télé et le char et des voyages partout dans le monde... aussi mérité soit-ce, aussi dur que soit ton travail et aussi important soit-il.

samedi 15 septembre 2012

peace [&/or] love...

"Les célibataires dans la trentaine sont soit récemment séparés et trouveront bientôt quelqu'un, sinon, ils ont des bibites à régler..." - adage populaire.

C'est vrai ça? Une discussion avec des trentenaires célibataires suffira à tout le moins à vous convaincre de l'urgence ressentie par la majorité. Le site de rencontre Réseau-Contact compte plus de 20 000 célibataires entre 30 et 40 ans... l'équivalent de la ville de Dorval, Joliette ou Rivière-du-loup! Presque tous passionnés de bons restos, bons vins, plein air et souper entre amis. Et malgré tous ces points importants (soupir) en commun: pour la majorité d'entre-eux, la magie n'opère pas.

"Il faut être heureux avec soi-même pour pouvoir l'être à deux." - adage populaire.

Sur le tableau de ma cuisine, on peut lire cette maxime énigmatique: bâtir le château à l'endroit. Hé oui, la sagesse aidant, j'ai fini par adhérer: il faut trouver la paix en premier et l'amour ensuite. Ou presque.

Si on se fie au titre, mon billet pourrait s'arrêter là. Mais non, je commence.

Je crois que la paix (la sérénité) et l'amour font partie d'un tout en mouvance. La paix et l'amour sont à la fois fugaces, à la fois perpétuels; à la fois des états idéaux à atteindre, à la fois portés en nous à chaque instant en toute imperfection. Difficile de dire lequel vient en premier...

Il  est préférable d'être en paix avec soi-même avant d'être en couple, OK. Mais la paix intérieure, elle vient d'où? L'amour qu'on se porte à soi-même vient d'où? L'amour qu'on porte aux autres vient d'où? Chaque manifestation d'amour n'apporte-t-elle pas son lot de paix?

 ... célibataire ou pas, il me semble que l'amour et la paix se nourrissent l'une et l'autre et qu'on gagne à s'occuper des deux.

Peace. [et/ou]. Love.

dimanche 2 septembre 2012

comment faire évoluer un parti en ne votant pas pour lui


«Je n'ai pas l'impression de voler qui que ce soit. Il y a des gens au Québec qui ne veulent plus voter PQ! Ont-ils le droit d'exprimer ça?» - Françoise David

Élections après élections, on blâme ceux qui ne votent pas PQ de diviser le vote "de gauche"...

Ce parti (qui comptait parmi ses membres plusieurs souverainistes de droite) avait la souveraineté comme priorité (pas la solidarité sociale), et il semble quelque peu avoir perdu de vue ses objectifs.

Aujourd'hui, Option nationale fait clairement de la souveraineté son objectif principal. Et reste plus à gauche que le PQ dans ses objectifs secondaires.

Aujourd'hui, Québec solidaire fait clairement de la solidarité sociale son principal cheval de bataille. Tout en ayant la souveraineté, la culture et l'environnement à coeur.

Un vote pour l'un ou l'autre de ces partis me semble dix fois plus cohérent avec mes valeurs qu'un vote pour pour le PQ. Je ne divise pas le vote, je n'ai pas envie de voter PQ, merci.

De plus, il est important de comprendre que l'on se fait entendre des "grands partis" même, voire SURTOUT, en ne votant pas pour eux!

Suite à une victoire convaincante, peu importe combien d'électeurs auront voté pour lui par dépit, un parti aura les coudées franches pour concrétiser ses idées au nom d'une "majorité de québécois et québécoises" (tout comme Harper agit au nom d'une majorité de canadiens).

Après une défaite ou une victoire à l'arrachée, des dizaines de stratèges se pencheront sur les résultats en se demandant: "Comment aurait-on pu obtenir le vote des gens qui ont voté pour d'autres partis?"

La réponse va d'elle-même et les stratèges la connaissent: "En leur proposant une plate-forme qui leur ressemble d'avantage!" Ils tenteront de tenir compte des revendications de la balance de gens qui leur coûte la majorité sans perdre la partie de l'électorat qui leur est acquise.

Dans notre système actuel, les compromis des grands partis pour récupérer la proportion de l'électorat qui leur échappe sont peut-être le meilleur gage de changement. Et une excellente raison de voter pour un parti qui nous ressemble, quel qu'il soit.

Avec un vote de coeur et de convictions, soit que les grands partis nous écouteront d'avantage, soit que les petits partis deviendront grands!

mercredi 29 août 2012

voter pour deux partis: c'est faisable, et légal (déjà!)

On a une boussole électorale, mais pas de boule de cristal. C'est ça le problème!

À défaut de pouvoir prédire les résultats des élections, les gens sont prêts à sacrifier leur vote pour minimiser les dommages...

Ah, le vote stratégique! À l'envers, à l'endroit, les arguments des deux camps sont toujours les mêmes. Je ne les résumerai même pas, tiens!

Pour ou contre le vote stratégique, nos désirs sont identiques! Est-ce qu'on s'en rend compte?

- On aimerait voter pour le parti qui représente le mieux nos convictions.
- On aimerait voter pour un candidat/parti qui a des chances d'être élu.
- Si le parti de nos convictions ne rentre pas, on voudrait quand même avoir "le moins pire" deuxième choix au pouvoir.

Ces désirs sont difficilement réconciliables dans le système actuel. Mais en attendant la proportionnelle, y a-t-il des alternatives au simple vote stratégique?

Échange de vote. Ça consiste à dire à quelqu'un: "Je m'engage à voter pour tel parti dans ma circonscription et, en échange, j'aimerais que vous votiez pour tel autre dans votre circonscription." C'est légal selon le DGE et ça vous donne la chance d'avoir un premier et un deuxième choix.

Donner avec son coeur et voter stratégique. Faire un don en argent ou en bénévolat au parti que l'on préfère et voter stratégique. Ce faisant, vous aidez encore deux partis: le meilleur selon vos convictions et "le moins pire".

Remarquez combien les deux solutions satisfont mieux aux désirs tout-à-fait justifiés de l'électeur moyen qu'un bête vote stratégique!

Si vous en avez d'autres, prière de les partager dans les commentaires... mais, de grâce, donnons nous une chance de ne pas relancer la polémique sur le vote stratégique à chaque élection, en alternant le PQ et le PLQ jusqu'à notre mort!

vendredi 10 août 2012

la valeur du travail dans une société [une réflexion pour nos politiciens]


Qu'est-ce qui détermine "la valeur" d'un emploi?

Les réponses qu'on me donne tournent généralement autour de "la rareté, l'efficacité, la productivité, le domaine d'activité, l'offre et la demande, les sacrifices nécessaires à l'obtention des connaissances".

À mon sens, le concept même d'une société fondée d'abord sur l'emploi, le progrès technologique et la productivité est non seulement problématique... il mène l'humanité à sa perte!!!

Il est impossible d'avoir à la fois une technologie qui remplace le travail de plus en plus d'individus, tout en exigeant de ces mêmes individus qu'ils continuent de devoir travailler 40 heures/semaine pour conserver leur simple droit de manger et d'avoir un toit.

Cette logique force la création d'emplois - n'importe quels emplois - sans égard pour les besoins réels des gens et elle mène à une dilapidation frénétique des ressources planétaires... pourvu qu'elles soient dilapidées en créant de l'emploi.

Ainsi, notre entêtement à continuer à vouloir offrir de l'emploi 40 heures/semaines à tous les individus de notre société est à la source de ses problèmes les plus graves. D'un côté, les travailleurs manquent de temps: temps pour s'occuper de leur famille, temps de loisirs et de qualité entre amis et en couple. De l'autre, les chômeurs et les assistés sociaux sont dans des conditions misérables. Les inégalités sociales augmentent. Les gens sur-consomment simplement parce qu'ils en ont les moyens, sans pour autant que le niveau de dépenses ne soit proportionnel au niveau de bonheur. Les écosystèmes de la planète pourraient connaître un effondrement total d'ici 2100!

Les politiciens ont, je crois, la responsabilité d'examiner ces contradictions, de les exposer aux citoyens... de devenir des catalyseurs de mouvements qui inverseront la tendance actuelle.

Un point de départ? La semaine de 4 jours à l'année dans tous les domaines où c'est possible!

dimanche 8 juillet 2012

Facebook et courriel: same difference?

Connaissez-vous la différence entre un courriel et un mur de Facebook? Aucune!

Mais non je déconne... à peine. C'est déplorable, mais il semblerait que la distinction entre ces deux outils - à mon avis, forts différents- soit en train de disparaître. Avec elle disparaît aussi la nuance entre une conversation intime et privilégiée et une conversation publique.

Dans ma perception, un courriel c'était comme une lettre ou un message sur une boîte vocale. Ça s'adressait à une ou des personnes en particulier et on s'attendait à recevoir une réponse.

Pour moi, un mur de Facebook était un hybride entre un babillard, un mini blog et un forum de discussion. On y postait des trucs d'intérêt public en ne sachant pas trop qui ça intéresserait et sans trop savoir si on obtiendrait une réponse.

Mais, en 2012, qui n'a pas lu sur un mur Facebook des trucs comme:
- Karine->Annie: "Annie, viens-tu souper à soir?"...
- Et Annie de répondre: "Non, je m'en vais au resto avec ma soeur, pas vrai Linda?"...
- "Tellement! On se fait un tartare de saumon, ça va être trop bon!" de rétorquer Linda.

Suis-je le seul à trouver qu'une telle conversation n'a pas sa place sur un babillard? Qu'on s'en sacre un peu ou qu'on se sent légèrement mal à l'aise de savoir avec qui Karine, Annie et Linda vont souper et de ce qu'elles vont manger?

Du côté des courriels, je constate que la réponse devient de plus en plus optionnelle. Particulièrement pour les courriels de groupe.

Suis-je le seul à m'attendre à une réponse quand j'essaie d'organiser une activité? À me faire un devoir de répondre à un message qui m'est envoyé personnellement? J'ai été choisi parmi une liste de contacts de quelques centaines de personnes pour être le destinataire d'un précieux message: n'est-ce pas formidable?!?

Dans la confusion, je me repose la question: reste-t-il une différence entre les courriels et le mur de Facebook?

Je dirais que les utilisateurs de Facebook ont au moins compris que les vidéos de chats et autres clins d'oeil de type "lol moyennement drôle", "réfléchissons-y mais pas plus d'une seconde" et "c'est ben donc kiouuuuuute" ne s'envoient pas par courriel. Distinction que plusieurs irréductibles réfractaires à Facebook ont de la difficulté à comprendre. Ils nous envoient d'ailleurs souvent les mêmes choses que sur FB... avec 4 mois de retard.

À ce stade-ci, le lecteur aura compris que cette confusion d'utilisation me cause un indéniable désagrément. Mais au-delà de ce désagrément, quel est mon objectif? J'aimerais inverser la tendance, car elle nuit à la bonne communication et, au final, aux bonnes relations.

Si des outils différents ont été créés et ont obtenu du succès, c'est parce qu'ils ont des fonctions différentes!!!

Pratiquons-nous:
- "Open house chez nous samedi!" : FB (pas besoin de répondre).

- "Viendras-tu au baptême du bébé?" : Courriel (réponse requise).

- "Julie, veux-tu venir au cinéma avec moi?" : Courriel (réponse requise).

-"Je suis en vacance!": FB (ou probablement Twitter, je suis pas un pro).

- "Connaissez-vous un bon resto apportez votre vin?": plutôt FB (à moins d'avoir un commentaire rigolo, prière de ne pas répondre si vous n'en connaissez pas).

- Que faites-vous en fin de semaine? : selon votre intention.
1. Vous demandez à la population en général ce qu'elle fait soit pour inviter du monde ou vous greffer à une activité: FB (notez que personne n'a à vous répondre)
2. Vous désirez organiser une activité avec des gens en particulier. C'est eux que vous aimeriez voir et pas d'autres: Courriel (réponse requise).

- "J'ai chaud": Aucun!!! (mais, oui, si vous êtes rendu à vouloir l'écrire, nous aussi on a chaud!)

Si tout cela était déjà clair pour vous; félicitations et vous comprendrez pourquoi je ne me suis pas lancé dans la confusion entre toutes les autres plates-formes! Sinon, j'espère que vous aurez vu la pertinence de ce message.

En cas de doute, rappelez vous:
Vous ne téléphonez pas à tous vos amis pour leur dire ce que mangez et avec qui! Quand quelqu'un vous pose une question (en personne ou par écrit), la courtoisie élémentaire suggère de donner une réponse! Il existe une fonction "message" dans FB, différente de la fonction "mur"!

dimanche 10 juin 2012

pour le micro ou pour le spot

Il y a quelques temps, à la sortie d'une pièce de théâtre, une amie me disait: "Je me demande c'est quoi la pulsion qui attire des gens vers la scène? Je ne comprends pas trop ce plaisir ou ce besoin là. Toi qui es musicien, tu me raconteras, si tu veux, un jour comment tu vois ça."

Eh bien ce jour, c'est aujourd'hui.

Mais il a fallu que j'y réfléchisse. Pourquoi j'aime la scène? Pourquoi les autres aiment la scène? Je cherchais une réponse générale, mais je me suis vite rendu compte que c'est assez subjectif; à ma condition de musicien d'abord (différente de celles comédiens ou des danseurs), mais aussi à mes propres talents, ma propre expérience et mes propres valeurs. Même si j'espère la partager avec certains artistes, voici somme toute, ma vision personnelle du phénomène l'amour de la scène...

Pour le micro
Tout le monde parle. Remarquez cet individu, la tête penchée, s'adressant à ses souliers d'une voix monocorde. Remarquez cet autre, dont les yeux fuient les vôtres comme des aimants négatifs. Remarquez cette voix stridente ou toujours surchargée d'émotion, ce débit morne ou ce torrent de mots, ce monologue ennuyeux à mourir, ces acquiescements trop rapides et dépourvus de sincérité... Tout le monde parle!

Mais supposons que le talent vous ait été donné d'être écouté quand vous ouvrez la bouche en public; que vous sachiez naturellement raconter des histoires ou des blagues, articuler votre pensée, transmettre une émotion avec votre voix et même, quand vous êtes"à la bonne place", pouvoir un peu dénouer les âmes... Un cadeau, une chance, un don.

À partir de là, parler à une foule et chanter pour elle devient très intéressant. Il y a une connexion tout-à-fait particulière qui s'établit entre plusieurs personnes à la même place, en même temps et qui semble nourrir tout le monde. La communion, le feedback reçu et l'impression d'être un rouage important de cet instant spécial génèrent bonheur profond et authentique difficile à décrire, mais que l'on reconnait facilement dès qu'on l'a vécu et chaque fois qu'on le retrouve. Si je devait choisir l'aspect le plus important de l'amour de la scène selon moi: ça serait celui-là!

Mais en plus de cette communion dans le présent, la scène est aussi un lieu de communication de masse. Pour les penseurs et créateurs qui sont en plus des interprètes, le "stage" devient un endroit pour véhiculer des idées, transmettre une certaine vision de la vie et incarner une façon d'être qui peut contribuer à transformer positivement le monde.

Pour moi, l'échange sincère et la rétroaction entre l'artiste et le public constituent la partie saine de l'amour de la scène. C'est ce que j'appelle au sens figuré, l'amour du micro (les danseurs n'utilisent pas nécessairement de micro, mais peuvent tout autant aimer la scène pour partager quelque chose).

Pour le spot
Malheureusement, je pense aussi qu'une majorité d'entre nous, moi le premier, sommes aussi attirés par la scène par un simple désir d'être vus, d'être aimés... ce désir, pas très sain à la base, devient carrément nuisible dès qu'il est placé au dessus du partage.

Épater l'auditoire sans entrer en contact, choquer, être aimé à tout prix, montrer qu'on est bon... ce sont des actes que l'ont fait pour soi-même et qui ne nourrissent pas l'auditeur/spectateur. L'orgueil et le manque d'estime peuvent parfois côtoyer le talent et le génie, mais tant qu'on se sert des premiers pour entretenir les seconds, je crois qu'on passe à côté du réel bonheur que peut offrir la scène.

Les gens qui n'aiment la scène que pour le spot sont comme des trous noirs dans l'espace, ils aspirent toute la lumière et toute l'énergie et ne rendent rien.

Certains diront qu'il faut un juste équilibre entre l'amour du micro et l'amour du spot; je crois plutôt qu'il faut admettre que l'on porte les deux et se détacher du mieux qu'on peut de l'amour du spot pour cultiver toujours plus l'amour du micro.

dimanche 20 mai 2012

le star-académicien qui a révolutionné le Québec

Jean-François Bastien, un gars de Star-Académie dont j'ignorais l'existence jusqu'à la lecture de la nouvelle, est allé chanter l'hymne national à la coupe Memorial affublé d'un chandail "Sorry Kyoto"! (way to go mon J-F!!)

Il a affiché ses valeurs: il s'est fait montré la sortie... Les organisateurs de l'évènement ont décrié son geste et annulé son show.

Je comprends leur réaction; si je me pointais avec un chandail du Canada pour le show du 24 juin de l'hommage aux Colocs, on ne me laisserait pas monter sur scène.

MAIS JE N'EN SALUE PAS MOINS L'INITIATIVE, être fidèles à nos convictions amène la société à maturité et invite les autres à se questionner quant à leurs valeurs...

Ondes de chocs. On mélange sport, politique, culture et environnement!!! Les spectateurs de la coupe Memorial sont confrontés à des questions!!! Les gens qui n'aiment pas Star-Académie sont bousculés dans leur préjugés!!! [Oh my gaaaawwwd!]

- Est-ce que ça m'embête que le spectacle de mon académicien favori (on parle quand même de Jean-François Bastien!) soit annulé à cause d'un chandail "Sorry Kyoto"?

- Suis-je d'accord avec le retrait du Canada du protocole de Kyoto?

- Est-ce que le chandail que porte le gars qui chante l'hymne national est plus important que le fait qu'il fait de la musique que j'aime dans un évènement que j'aime?

- Est-ce que j'ai le droit d'aimer l'environnement, Star-Académie et la coupe Memorial?

-Puis-je être à la fois pro-Harper et aimer Jean-François Bastien?

- Puis-je détester le concept de Star-Académie et soudainement admirer J-F Bastien?

Autant de questions que différents individus peuvent se poser...

Important ici, je ne me fous pas de la gueule des gens, ni de leurs valeurs! Je suis moi-même fan de hockey et je suis emballé qu'un gars de star-académie ait posé un tel geste et me force à revoir mes propres préjugés.

Je remets plutôt en question le fait que chaque évènement de la société est cloisonné. Comme s'il ne fallait surtout pas penser, être fidèle à nos valeurs ou remettre en question ce que l'on nous présente alors qu'on est en contexte de "plaisir". Comme si le plaisir doit absolument flusher tout le reste!!!

Merci, donc, à Jean-François Bastien. Ton choix d'assumer tes valeurs vient peut-être de faire avancer la société d'un petit pas!

jeudi 3 mai 2012

avec eux, dans la rue

Ça fera bientôt trois mois qu'ils voient rouge! Trois mois de revendications, de mobilisation, d'action.

Et à mesure que le mouvement étudiant perdure au Québec, les histoires malpropres du gouvernement Libéral refont surface... des boutons d'acné tellement gorgés de pus qu'ils suintent dès qu'on met le doigt dessus. Pendant ce temps là au fédéral, les Conservateurs continuent d'ériger - à défaut de bâtir - un Canada nouveau.

À ce point-ci, de plus en plus de travailleurs se surprennent à rêver de manifestations qui engloberaient des revendications beaucoup plus larges. "Si seulement les étudiants ne s'attaquaient pas qu'aux frais de scolarité, j'irais manifester avec eux", se disent-ils.

N'est-il pas évident que l'orientation d'une manifestation ou d'un débat est dictée par les gens qui y prennent part? La presse internationale commence à parler de vague de changements profonds... mais le dénouement de l'histoire dépendra beaucoup des gens qui décideront de s'impliquer, d'utiliser les tribunes et de sortir de chez eux.

Je crois que c'est là que le "avec nous dans la rue" des étudiants prend tout son sens. Le temps qu'on discute dans notre salon de la tournure souhaitable des évènements, le temps qu'on déplore la casse durant les manifs, le temps qu'on reproche aux  étudiants leur manque de vision globale et leur inexpérience dans l'exercice politique; ce sont nos valeurs et notre expérience qui n'ont aucun poids dans la balance.

Si on s'en remet seulement au gouvernement et aux étudiants en grève pour transformer un débat sur les frais de scolarité en débat de société, on risque d'être déçus par l'issue du conflit. Le premier ne souhaite surtout pas ça et les seconds n'ont pas suffisamment de pouvoir à eux-seuls pour inverser le cours des choses. Et cette fois, on ne pourra pas blâmer les étudiants de n'avoir pas fait "leur juste part"... ils auront mis de l'avant leurs convictions, leurs valeurs et leurs espoirs en sacrifiant temps et argent dans l'aventure.

Si on veut vraiment changer les priorités politiques et notre société, on a intérêt à se mouiller tout le monde! AVEC EUX. DANS LA RUE.

vendredi 20 avril 2012

les vases qui débordent et les vases communicants

Nous sommes des vases. Chacun de nous. Une multitude de vases.

Dans la peine, dans la joie, dans la peur, dans l'amour, dans les questions et les réponses...

Une multitude de petits et de vastes récipients, variés et variables. Chacun pouvant accepter un certain volume de joies ou de peines, en proportion différente, chacun avec ses limites.

Et puis tombe la fameuse goutte. Celle qui fait déborder. Remarquez je dis la goutte, des fois c'est une louche, un bucket, une pluie diluvienne.

Et puis tombe la fameuse goutte, donc, et on déborde. On se renverse autour, dans les vases des autres, dans les nôtres. Un peu, beaucoup, passionnément... SPLASH! Le malheur de l'un dans le bonheur des autres. Les peines des uns dans celles des autres. SPLASH! Vos propres questions dans vos propres certitudes. De la paix dans le doute. De la joie dans la quiétude. De l'euphorie dans la détresse ou dans la passion. SPLASH! Joyeux bordel.

Joyeux bordel de fluides qui se mélangent, qui se diluent, qui explosent ou qui splashent en cascade dans d'autres vases parce que le vôtre est trop plein!

Joyeux bordel qui prend au dépourvu, qui choque même. Ça, c'est le problème avec des vases isolés ou empilés maladroitement les uns sur les autres.

Vous connaissez le principe des vases communicants? Reliés en permanence par des tubes de manière à garder le niveau de liquide égal dans chacun en fonction de ses proportions.

On a intérêt, je crois, à devenir des vases communicants. À diffuser doucement ce qu'il faut d'enthousiasme et de joie pour adoucir les peines. À se délester en permanence d'un soupçon de doutes comme d'un soupçon de certitudes pour laisser de la place à ceux des autres. Que les grands récipients accueillent leur juste part pour que d'autres s'élargissent.

Individuellement, que chacun surveille le niveau de ses vases. Offrir et demander avant de se transformer en puits sec ou en raz-de-marée. Que chacun veille à gagner en amplitude. Que chacun distribue ses tubes et ses tuyaux où il veut pour combler les injustices et les manques... pour le simple plaisir ou pour l'expérience scientifique. Pour découvrir de nouvelles chimies, de nouveaux remèdes, un nouvel équilibre.

dimanche 15 avril 2012

... pourtant, j'étais là!

Hier, j'ai raté la moitié d'une super belle soirée... pourtant, j'étais là!

C'était ma première fois à un évènement d'art-poésie qui en est à sa 5e édition. Première fois alors qu'on m'invite depuis le tout début et que certains de mes textes ont déjà été lus. On m'a introduit en ami, en bonne connaissance, heureux de pouvoir mettre un visage sur un nom.

Je suis arrivé en espérant être à la hauteur des attentes. Je suis arrivé en voulant leur montrer que j'étais bon, qu'ils ne s'étaient pas trompés en aimant mes autres textes. Je suis arrivé, sans y être.

J'ai entendu les autres qui passaient sur scène en redoutant le moment où mon nom sortirait du chapeau. J'ai entendu des mots et je me suis posé en juge ; ceci est meilleur que cela. J'ai essayé d'évaluer mon rang ; je suis probablement moins bon qu'elle, mais peut-être meilleur que lui. J'ai entendu, sans écouter.

Résultat: mon nom est sorti du chapeau et je suis monté sur scène comme on sort d'une rêverie. Hors contexte. J'ai joué, désincarné.

Heureusement, les autres étaient là, eux, bien présents. Merci. Heureusement, j'ai réussi à respirer et à m'inspirer de l'énergie ambiante. Heureusement, j'ai su choisir mon camp. Impossible d'être à la fois dans le jugement et dans le partage. Impossible d'attribuer des notes sans avoir peur d'être jugé. J'ai choisi le partage. J'ai fini par écouter. J'ai fini par y être.

Hier, j'ai vécu la moitié d'une super belle soirée. Prochaine fois, je compte y être dès le début. 

samedi 14 avril 2012

22 AVRIL: adieu la phobie des manifestations

Le 22 avril 2012 se tiendra au Québec un grand rassemblement pour le bien de notre Terre, pour le bien commun.

J'y serai parce que je crois qu'il y a de sérieux problèmes avec les décisions prises par les gouvernements en place, tant au fédéral qu'au provincial. J'y serai parce que si je n'y vais pas, ils continueront de profiter de l'apathie générale pour faire ce qu'ils veulent, en notre nom. J'y serai parce que je ne veux plus laisser ma voix à d'autres.

Les manifestations sont souvent associées à de l'extrémisme... Pourtant, en réalité, elles prennent la couleur de la majorité qui la compose (regardez le 22 mars). J'invite tous les gens nuancés, réfléchis, réalistes et pacifiques à se joindre à nous pour cette marche!

Ne laissez plus les conservateurs, les extrémistes ou les agitateurs parler en votre nom!!! Soyez la voix du milieu!

À ceux qui répondent: "Je trouve que la cause est bonne, mais les grèves et les manifs, ça ne sert à rien..."

J'ajouterais: Est-ce que ce qu'on aurait fait à la place de manifester sert à quelque chose?

Si vous aviez prévu passer du temps en famille, marcher, magasiner... il est possible de voir la manifestation du même oeil, on peut passer du temps de qualité ensemble, avec des gens qu'on aime (j'y serai avec ma mère et des amis), les enfants peuvent venir; ça peut être simple, amusant et gratifiant!

À la dernière manif contre la cruauté animale, les enfants d'un ami avaient fabriqué leur propres pancartes: "TRAITEZ BIEN LES ANIMAUX, SINON PROUT!" (hep...) Remplis d'enthousiasme, ils ont commencé spontanément à scander leur slogan on s'est rapidement retrouvé plusieurs adultes à crier: Traitez bien les animaux, sinon prout! Petits extrémistes va! Ne vient-on pas de leur inculquer des meilleures valeurs qu'en les amenant magasiner tout un dimanche?

Ne serait-il pas temps de changer notre perception des manifestations au Québec?

Un autre ami déplorait le fait que les manifestations sont toujours CONTRE quelque chose... celle du 22 avril sera POUR! POUR des valeurs qui nous tiennent à coeur, POUR offrir un environnement sain aux générations qui nous suivront, POUR ouvrir le dialogue avec des élus qui oublient trop souvent qu'ils agissent en notre nom.

Je le répète, j'invite tous les gens nuancés, réfléchis, réalistes et pacifiques à se joindre à nous pour cette marche!

22 AVRIL 2012, 14H00
PLACE DES FESTIVAL DU QUARTIER DES SPECTACLES
MONTRÉAL

jeudi 12 avril 2012

ma grand-mère et la botanique

Quand je m'impatiente. Quand la vie ne me donne pas ce que je veux, tout de suite, là, maintenant! Quand j'exige des réponses, sur ma job, sur l'amour, sur tout et sur rien. Quand je compte les jours sur le calendrier ou les grains du sablier... ma grand-mère n'a qu'une seule réponse:
"T'auras beau tirer sur les fleurs, elles ne pousseront pas plus vite!"

Et elle s'y connaît la vieille. Elle a travaillé pendant des années chez W.H Perron et, toute l'année, elle a un bouquet sur la table.

Il y a un an à peine, je lui rétorquais encore des trucs comme: "Je comprends, Grand-maman, mais je fais quoi?"

Sans vraiment répondre, elle hochait la tête en souriant et se dirigeait vers la dépense: "Veux-tu des biscuits? Ou un ginger ale avec de la glace?"

Elle sentait la gentillesse à plein nez. Mais ça ne m'avançait pas à grand chose.

T'auras beau tirer sur les fleurs, elles ne pousseront pas plus vite... je comprenais le sens, mais à défaut de pouvoir tirer sur quoi que ça soit, je m'affalais sur une chaise, les bras croisés ou les mains dans les poches, de mauvaise humeur.

Il faut la voir, ma grand-mère, s'occuper de ses fleurs. Elle les sème, elle les arrose, elle les tourne, elle leur parle et leur chante des chansons. Elle donne ce qu'il faut de lumière à l'une, ce qu'il faut d'ombre à l'autre. Elle les cueille à point et sait les garder belles, même une fois dans le vase. "Ici, coupe la tige en biseau. Celle-là, mets une aspirine dans son eau!"

Il faut les voir, les bouquets de ma grand-mère, confectionnés, après tant d'efforts, avec les fleurs qui ont bien daigné pousser; les couleurs variant selon la chance et la saison... ils sont comme elle: beaux, simples, généreux.

Au fond, les métaphores de ma grand-mère sont tellement peu subtiles! Je me demande comment j'ai pu, pendant aussi longtemps, chercher quoi faire en attendant que les fleurs poussent.

dimanche 8 avril 2012

les femmes, les promesses et l'engagement dans le couple

"Pas de promesses, pas de problèmes."
- Petit dicton qu'une de mes ex et moi avions inventé pour ne pas être déçus par les attentes.

"Tu me demandes des garanties... je ne peux pas te faire de promesses."
- Réponse de la fille que j'ai dans l'oeil aujourd'hui à mes questions sur le couple.

Aujourd'hui, je me contenterais d'une seule: la volonté d'engagement.

On reproche souvent aux hommes d'avoir peur de l'engagement. Qu'en est-il des femmes?

En 2012, je réalise qu'une majorité de gens, hommes et femmes, confondent (ou dissocient délibérément) la volonté d'être en couple et la volonté d'engagement.

Pour énormément de monde, être en couple se résume aujourd'hui à partager quelques intérêts et activités, à n'avoir officiellement qu'un seul partenaire sexuel (tant que les apparences sont sauves) et à avoir le droit de s'appeler "chéri(e)" en public... ce qui est déjà trop contraignant  pour plusieurs. Hommes et femmes. Il faut quand même garder sa liberté! Et même ceux qui ont la volonté d'être en couple prennent, dans cette perspective, une décision légère. On entre en relation comme on entre au cinéma et on sort si le film est mauvais... ce qui finit presque toujours par arriver avec ce genre de prémisses.

L'engagement, comme le fait d'être en couple, est un acte volontaire. On décide ou non de s'engager. Mais on s'engage à quoi au juste? Par définition même, l'engagement est "l'action de se lier par une promesse (...) promesse de fidélité en amour, liaison ou union qui en résulte". Pas de promesse, pas d'engagement: merci Petit Robert!  Et la peur de cet engagement me semble aujourd'hui assez généralisée et non pas exclusive à la gente masculine.

Plusieurs personnes ont peur des promesses parce qu'ils savent qu'on ne peut prédire l'avenir. Pour moi, se faire une promesse et avoir la volonté de la tenir, c'est un peu prédire l'avenir.

Qu'est-ce qui se passera si l'un de nous perd sa job? Si on désire le corps (assez croquable merci) du voisin ou de la voisine? Si je fais des erreurs? Si tu as un accident? Si tu prends des décisions avec lesquelles je ne suis pas d'accord? Je ne peux pas prédire les problèmes qui surgiront, mais je peux prédire que je saurai placer une relation au devant des problèmes. Comment? Parce que j'ai la force et le désir de le faire aujourd'hui et que je peux décider à l'avance que j'aurai la volonté de continuer demain.

Cela dit, je crois que c'est une bonne chose d'hésiter à faire une promesse, ça montre qu'on aimerait la tenir. Une promesse donne toujours le vertige; surtout celle-là, parce qu'elle en englobe tellement d'autres. Mais je constate que les gens sont souvent malheureux en amour parce qu'ils refusent de se faire des promesses ou parce qu'ils n'ont pas eu la volonté de les tenir. Ils laissent leur couple dériver, en ayant peu confiance en l'avenir parce que l'autre n'ose pas s'y projeter, en profitant avec une fébrilité malsaine du présent par manque de confiance en l'avenir, en maudissant les promesses brisées par l'autre, en s'enfuyant dans la solitude au lieu de mettre les efforts nécessaires pour les honorer.

Pour moi, aujourd'hui, le couple sans engagement n'a plus de sens. Pas plus que l'engagement sans volonté. Une relation nourrissante demande une implication particulière. Si le bonheur solitaire passe un peu par les promesses que l'on se fait à soi-même et que l'on arrive à tenir. Le bonheur à deux passe probablement un peu par les promesses que l'on se fait à deux et que l'on tient à deux.

Je ne dirais pas que je n'ai aucune peur de l'engagement, mais certainement que j'ai envie que l'on réponde à assez de questions pour avoir envie de se faire des promesses...

Et toi, Beauté?

samedi 31 mars 2012

le monde de la corneille

Quelque part entre le sommeil et l'éveil, j'émerge doucement dans la pénombre. Avant d'ouvrir l'oeil, je connais l'heure. Une heure unique de contours et de formes, de demi-teintes grises et violettes... où les pensées profondes et volatiles vont à leur guise avant que le cadran ne se souvienne du sens des chiffres. Le monde de la corneille, m'a-t-on dit. Je n'ai pas compris.

Dans la pénombre, j'ai ouvert les yeux sans m'en apercevoir. Autour de moi, les objets ont une présence, un poids, une âme... mais aucun nom. Je regarde, j'écoute et j'existe avec eux entre la nuit et le soleil qui commence à poindre. L'obscurité délicate cédera bientôt sa place aux couleurs criantes. L'air de silence qui permet au moindre bruit de se faire entendre sera bientôt saturé de vie. La noirceur se retirera lentement comme une main de fantôme sur une harpe et le jour aura repris sa place au réveil de la horde.

Les contemplatifs, les corneilles, reprendront leur apparence humaine pour se fondre dans le tumulte du jour, imprégnés par le calme et la sagesse de l'aube. À midi, les diurnes auront chassé toute la mélancolie du monde. Le présent sera une fête. Et pour les remercier, à la tombée de la nuit, nous leur raconterons comment le soleil se lève.

dimanche 25 mars 2012

adieu instinct carnassier

J'aime la viande. Je suis carnivore... de moins en moins.

Avant nous, l'amérindien remerciait et respectait l'animal pour son sacrifice.

Avant nous, on a déploré l'insensibilité humaine devant la cruauté et on a constaté combien la passivité et la résignation devant certaines situations peuvent être lourdes de conséquences.

Je crois que j'ai intérêt, comme carnivore, à arrêter de me glorifier et de traiter les végétariens comme si c'étaient eux, les radicaux.

L'aura de virilité du mangeur de viande, la fierté de ne manger que ça et d'en manger plus que tout le monde... je ne me reconnais plus là-dedans. Je veux tendre vers la pensée amérindienne.



J'ai appris un concept en pub qui s'appelle la DISSONANCE COGNITIVE.

Devant un phénomène le fait trop souffrir, l'humain peut adopter un comportement contraire à ce qu'il croit profondément juste pour ne pas ressentir toute la douleur, la culpabilité et les toutes émotions que feraient jaillir l'acceptation de ce phénomène.

Je crois que notre fierté carnivore s'apparente beaucoup à de la dissonance cognitive... les mangeurs de viande sont probablement beaucoup plus sensibles qu'ils ne le pensent à la cause animale.

Avoir l'humilité de faire demi-tour, c'est aussi ça gagner en conscience...

[Image prise sur Facebook sur la page de Elo Antispéciste, merci pour le montage.]

vendredi 16 mars 2012

l'autre rive de la dépendance affective...

Sur l'autre rive, on n'est pas à l'abri de la marée. J'ai fait le chemin dans un sens, je peux le refaire dans l'autre. De temps en temps, je sentirai l'appel du large et j'aurai besoin de nager pour revenir au bord... mon effort à payer pour retrouver le soleil, la plage de sable blanc et les gens que j'aime.

...

J'ai déjà posé toutes mes questions sur la dépendance affective. Voici aujourd'hui une ébauche de réponse.

Je crois qu'un dépendant affectif est d'abord et avant tout une personne qui ne s'aime pas suffisamment. Une personne qui, à divers degrés, ne se sent pas digne d'être aimée.

Parce qu'il ne s'aime pas suffisamment, le dépendant affectif dépend de l'amour des autres pour s'aimer lui-même.

Parce qu'il dépend de l'amour des autres pour s'aimer lui-même, le dépendant essaie toujours d'agir de manière à ce que les autres l'aiment. Il cherche l'approbation et l'amour à tout prix, au dépend de ses propres désirs, au dépend de ses propres convictions, au dépend de sa propre personne. 

Parce qu'il se sent indigne d'amour, le dépendant est toujours en carence. Qu'on l'aime véritablement ou non, il continue de se sentir indigne d'amour! Il cherche donc sans cesse à éviter le rejet et les conflits et à prouver qu'il est digne d'amour sans jamais obtenir de confirmation définitive (puisque cette confirmation ne peut venir que de lui-même). Dès lors, il se croit perpétuellement menacé de n'être plus aimé et tous ses comportements motivés par la peur l'empêchent d'entrer en relation véritable, l'éloignent des autres et, finalement, le font sentir de plus en plus indigne d'amour. 

À ma connaissance, la seule planche de salut pour le dépendant est d'oser reconnaître et ressentir les deux aspects de départ de sa condition: un, "je ne m'aime pas suffisamment" et, deux, "je ne me sens pas digne d'être aimé".

Oser plonger dans sa perte d'estime est un processus très douloureux. C'est difficile et désagréable de s'avouer à soi-même qu'on ne s'aime pas tout-à-fait et qu'on ne s'est jamais senti complètement digne d'être aimé... ressentir très profondément cette vérité qui a guidé toute notre existence peut faire excessivement mal.

Mais en réalisant cela, on commence à s'aimer sans douter. On réalise que les gens autour nous aiment aussi réellement, pas seulement quand on fait tout pour leur plaire. On réalise qu'ils nous souhaitent véritablement de nous épanouir, même si ça veut dire qu'ils doivent faire des compromis pour nous. On réalise qu'ils en font déjà en nous pardonnant nos imperfections, de leur mieux, depuis longtemps.

En réalisant cela, on devient aussi beaucoup plus aimant. Au lieu de perdre notre énergie à donner une belle image de nous-mêmes aux autres pour qu'ils nous aiment, on parvient à se soucier sincèrement d'eux, de leurs désirs, de leur bonheur. Et notre tendance naturelle à la conciliation et notre souci de ne pas empiéter sur les autres peut être mis à profit d'une manière beaucoup plus saine.

Bienvenue sur l'autre rive!

lundi 27 février 2012

Ishmael: ce petit livre qui pourrait sauver l'humanité


QUINN, Daniel. Ishmael An Adventure of the mind and spirit. New York, Batam Books, 1992, 268 p.

On accuse souvent le capitalisme occidental d'être la cause de tous les maux de la planète. Et pourtant, selon l'auteur Daniel Quinn, l'homme a probablement commencé à faire fausse route il y a 10 000 ans.

En moins de 300 pages, le roman Ishmael a bouleversé ma perception même de l'existence. Je ne saurais trop vous recommander ce petit livre qui pourrait, ni plus ni moins, sauver l'humanité!

Sous la forme d'un dialogue entre un tuteur et son pupille, Quinn nous démontre l'idéologie dramatique qui s'est imposée à l'humanité presque entière il y a 10 000 ans avec l'invention de l'agriculture. L'idéologie ancrée dans la majorité d'entre nous et qui nous conduit droit à notre perte. À partir de là, selon l'auteur, l'humanité s'est divisée en deux: les Takers et les Leavers.

Les Takers
"Are you certain that any species that, as a matter of policy, exempt itself from the law of limited competition will end by destroying the community to support its own expansion?" (QUINN, p.143)

Avant l'invention de l'agriculture, l'homme a évolué comme n'importe quel animal. Il n'était ni plus ni moins qu'une branche avancée de l'évolution, résultat d'une longue série d'adaptation réussies à son environnement. Une branche avancée de l'évolution, mais toujours soumise aux éléments, soumise à la nature et vivant avec elle, grâce à elle et aussi pour elle.

À partir du moment où elle parvint à dominer la nature, la majorité de l'humanité en vint à la conclusion que l'évolution s'arrêtait avec l'homme. Selon la culture des Takers, l'homme est l'aboutissement ultime de l'évolution. L'homme est au dessus de la nature et au dessus des dieux. L'homme est parfait, il sait discerner le bon du mauvais et le vrai du faux. Dès lors, le reste du monde n'existe que pour servir les Takers. Et tous  les hommes, puisqu'ils sont eux aussi l'aboutissement ultime de l'évolution, sont appelés à être convertis à l'idéologie des Takers. Peu importe leurs croyances initiales. Les Takers ne se contentent pas de vivre dans l'espace qui leur est imparti, ils éliminent la compétition pour la nourriture et la compétition idéologique. 

Le tuteur démontre à son élève que si les hyènes de la savane éliminaient tous les lions sous simple prétexte qu'ils leurs volent leurs proies, si elles éliminaient systématiquement les herbivores qui consomment l'herbe de leurs proies et si elles éradiquaient toutes les plantes qui ne servent pas de pâture à leurs proies, elles deviendraient bientôt le seul prédateur sur terre et les seuls organismes qui survivraient seraient ceux qui servent à le nourrir. Voilà où mène la mentalité Takers appliquée à n'importe quelle espèce. À ce compte, si l'australopithèque ou l'homo erectus avait eu cette mentalité, l'homme moderne n'aurait probablement jamais vu le jour.

Les Leavers
"The premise of the Takers story is the world belongs to man. (...) The premise of the Leavers story is man belongs to the world." (QUINN, p.239)

Les Leavers sont des cueilleurs-chasseurs ou des agriculteurs qui ont choisi de vivre selon un mode de vie qui leur convient sans jamais se percevoir comme étant l'aboutissement ultime de l'évolution. Des lors, ils acceptent de vivre dans les limites imposées par la nature et ne prétendent pas détenir la vérité. Ils acceptent même de restreindre leur propre capacité de croître pour ne pas empiéter sur la diversité et s'intégrer au monde.

Les conséquences des deux modes de vie
"In a billion years, wathever is around then, who-ever is around then, says, 'Man? Oh yes, man! What a wonderfull creature he was! It was within his grasp to destroy the entire world and to trample all our futures into the dust- but he saw the light before it was to late and he pulled back. He pulled back and gave the rest of us a chance. He showed us all how it had to be done if the world was to go on being a garden forever. Man was the role model for us all!'" (QUINN, p.242)

En bout de ligne, les Takers comme les Leavers se dirigent vers une destinée en lien avec leur propre perception du monde.

Avec une masse critique de Takers, l'homme devient réellement la finalité de l'évolution. Tout n'existe que pour le nourrir et il croîtra jusqu'aux limites de l'univers. Rien de mieux avant lui. Rien de mieux à part lui. Et après lui: plus rien.

Avec une masse critique de Leavers, l'homme accepte qu'il fait partie d'un tout plus grand que lui et accepte qu'il doit se restreindre s'il souhaite que la vie se poursuive après lui. Comme première créature terrestre à maîtriser la nature, il a l'opportunité de permettre à l'évolution toute entière de se poursuivre plutôt que de s'éteindre avec lui.

Agir en Leaver (au-delà du roman)
"It isn't the tale that you tell that counts, it's the way you actually live" (QUINN, p.147)

À partir des conclusions tirées par l'auteur (et peut-être qu'il sous entend tout ça implicitement), je dirais qu'on a tendance à agir en Takers à l'échelle individuelle. Peu importe ce qu'on en dit, on se considère comme la finalité de l'évolution. On s'imagine détenir la vérité. On croit que tout le monde devrait adopter notre manière de penser. On est prêt à négliger les autres pour mieux vivre. On refuse de se restreindre.

Agir en Leavers améliorerait nos relations. En acceptant que l'on n'est pas parfait, on accepterait de faire partie d'un tout, on ne se croirait pas supérieur aux autres et on ne prétendrait pas détenir la seule bonne manière de penser. En acceptant notre imperfection, on se remettrait plus facilement en question et on pourrait évoluer plus facilement. On laisserait les autres croître dans la différence en sachant que nos propres choix de vie seront respectés.

Agir en Leavers modérerait notre consommation. Les Takers refusent de se priver de choses importantes pour eux. Les gens qui recyclent jugent qu'ils méritent d'avoir deux voitures. Les gens qui n'ont qu'une voiture méritent de manger de la viande sept jours sur sept. Les végétariens méritent d'aller en voyage en avion trois fois par ans. Et les gens qui ne voyagent pas méritent de ne pas recycler. Agir en Leavers nous aiderait à restreindre notre croissance sans toujours nous justifier.

À un moment dans le roman, l'auteur illustre combien il est difficile d'aller à contre courant en comparant le chemin du Leaver à celui d'une bête qui tenterait d'aller à contre courant au milieu d'un énorme troupeau en course dans une même direction. 

Personnellement, je ne peux plus vivre en ne faisant rien sous prétexte que d'autres ne font rien, pas assez, ou que ça ne sert à rien. J'ai commencé à bouger. J'ai fait de grands pas sur certains points, de petits pas sur d'autres. Je veux pouvoir me regarder moi-même et me dire que les fables que je raconte sont en lien avec ma pensée et avec ma manière de vivre.

Les heures que j'ai passées à lire ce livre plutôt qu'à regarder la télé; le temps que j'ai pris pour extraire et partager les éléments essentiels de ma lecture plutôt que de jouer à l'ordinateur; l'invitation que je vous lance à le lire; c'est le geste que je pose aujourd'hui pour appartenir au monde, c'est ma fable de la journée...

vendredi 24 février 2012

frais de scolarité, grève et médiocrité à l'université [contre]

Je ne connais pas les chiffres. Que ceux que ça embête fassent demi-tour, mon discours se fondera sur des intuitions, des bribes de savoir et des tendances idéologiques subjectives.

Tout ça pour apporter des réponses partielles et un paquet de questions.

Contre la hausse des frais de scolarité
Mes parents étaient communistes. À toute question sociale, même quand ma raison se met en branle, je penche instinctivement vers le peuple...

Comment les pauvres arrêtent-ils un jour de l'être dans un système qui ne leur laisse qu'un accès partiel au savoir? Où le peuple acquiert-il son pouvoir s'il n'a pas accès aux hautes sphères d'éducation?

J'ai lu des articles qui prouvent que, même après la hausse, notre éducation demeurera somme toute accessible et que même les moins nantis seront toujours en mesure d'aller à l'université. Les preuves sont là. Et pourtant je ne change pas d'avis: contre la hausse des frais de scolarité.

Les moins nantis seront toujours en mesure d'aller à l'université, d'accord. Mais ils travailleront tout en étudiant alors que les plus riches n'auront qu'à se concentrer sur leurs études. À capacités égales, les pauvres partiront avec un simple mais sérieux handicap de temps... et un stress immanquablement plus grand. Ils devront atteindre les mêmes objectifs que les autres, dans des conditions beaucoup moins favorables.

Et qu'on ne me sorte pas l'argument: "la vie est injuste, c'est comme ça". Je suis tout-à-fait d'accord que la vie est injuste, mais si elle l'est autant, c'est parce que trop peu de gens s'attardent réellement à la rendre plus juste! Merde.

D'ailleurs, si les frais de scolarité étaient mesurés en proportion des coûts réels et des opportunités salariales et si on instaurait mode de paiement rétroactif (non pas une dette conventionnelle, mais un genre de surplus d'impôt lié aux coûts des études) en fonction de l'emploi que l'on décroche, j'aurais déjà moins d'objection à les augmenter.

Si un étudiant accepté en médecine peut obtenir auprès de n'importe quelle banque une marge de crédit de 100 000$; si former un médecin coûte cent fois plus cher que de former un bibliothécaire, un musicien ou un anthropologue; si le premier est certain d'avoir un emploi à en terminant ses études et que les autres galèrent pour trouver un poste (quand ils en trouvent un); si un DEP assure un salaire beaucoup plus élevé que bien des BAC; si on juge que le savoir des artistes, des philosophes, des théologiens et de tous les universitaires a une valeur sociale; et si, enfin, la société québécoise continue d'affirmer qu'elle valorise l'éducation... je crois qu'il faut revoir tout le système de prêts, de bourses et de frais de scolarité!

En attendant, je suis contre la hausse.

Contre la grève
J'ai lu deux articles intéressants propos de la "grève". Jean-Benoît Nadeau et Cynthia Ann Sheehan et Caroline Housieaux nous expliquent pourquoi, en tant qu'étudiants universitaires, il nous est étymologiquement impossible de prendre faire un "grève": la définition même du mot ne cadre pas avec notre statut. Mais surtout, ils nous expliquent comment la "grève" nous nuit plus qu'elle nous sert.

À la lueur de ces deux articles, je ne crois pas voter pour la grève. Est-ce que ça se tient?

Tenez-moi quand même au courant des manifestations.

Contre la médiocrité à l'université
Depuis mon retour aux études, je suis affreusement déçu de la tendance à la médiocrité.

Plusieurs profs sont médiocres. Ils sont engagés parce qu'ils connaissent la matière, mais ne sont pas en mesure de l'enseigner adéquatement. Ils sont soit ennuyeux à mourir, soit pris dans des problèmes incompréhensibles de jeux de pouvoir avec les étudiants, soit peureux d'être trop sévères, soit... J'ai vu une prof refuser de réviser la note d'un étudiant alors qu'elle s'était trompée dans l'addition des points d'un examen (25+25+25=70%), j'ai vu un prof terminer son cours une heure d'avance deux semaines consécutives en disant "Eh ben, je pensais que ça prendrait plus de temps que ça...", j'ai vu un très bon prof nous dire qu'il n'osait pas augmenter la difficulté des cours par craintes de représailles de la part des étudiants et de l'administration.

Plusieurs étudiants sont médiocres. Ils ne veulent pas apprendre, ils veulent un papier. Ils ne sont pas près à passer du temps à travailler, mais ils peuvent en prendre beaucoup pour négocier les exigences et les devoirs à  la baisse et les notes à la hausse. Ils n'ont pas les capacités suffisantes pour y être, mais on les a laissé passer au primaire, au secondaire, au cégep et ils ne comprennent pas pourquoi on ne veut pas les laisser passer à l'université. Le pire, c'est qu'ils sont assez nombreux et ont assez de pouvoir qu'ils finissent généralement par obtenir ce qu'ils veulent. À la fin, on se demande pourquoi les diplômes n'ont plus de valeur et pourquoi les ponts nous tombent sur la tête.

Heureusement, pour contrebalancer, j'ai eu aussi d'excellents profs et j'ai côtoyé d'excellents élèves. Mais ils font figure d'exception.

Comme élèves et comme profs, on a intérêt à se responsabiliser et vite. Sinon, on arguera qu'une hausse des frais de scolarité est le seul moyen de départager les bons élèves des mauvais. Et on paiera cher les profs médiocres pour enseigner aux élèves médiocres qui auront toujours les moyens d'être assis dans les universités pendant qu'une grande partie de ceux qui méritent d'y être galéreront plus encore pour obtenir des diplômes d'une valeur toujours aussi douteuse.

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Ce petit ajout vient après quelques semaines de réflexion et plusieurs lectures...

J'ai fini par voté pour la grève et j'ai participé aux manifestations. Je laisse mon texte tel qu'il était pour partager le fait que je crois en cette fameuse réflexion et que je trouve important de se donner le droit de changer d'idée, de se repositionner régulièrement face à nos valeurs pour faire de notre vie un tout de plus en plus cohérent et, si possible, un exemple à suivre.

mercredi 15 février 2012

la manipulation à saveur de nobles intentions

C'est tellement bon les oranges!

Supposons un instant que la science ait déniché un moyen pour que n'importe quel aliment soit identique à une orange: le look, la couleur, la pelure, l'odeur, le goût, tout d'une orange... mais avec les propriétés de l'aliment de départ.

Supposons maintenant que j'aie constaté que certaines personnes qui mangent des oranges n'achètent pas de chips, parce que "c'est mauvais pour la santé les chips". Je fabrique donc des chips qui ont l'air des oranges et je fous ça dans le rayon des fruits. Quelle opinion auriez-vous? Vous vous exclameriez sans doute: "Diantre! Quelle fourberie!" Et vous m'obligeriez à apposer sur mon produit une étiquette: Chips à saveur d'orange, attention ne contient aucune orange!

Par contre, supposons plutôt que j'aie constaté que certaines personnes qui n'aiment pas le brocoli aiment les oranges. C'est bon pour la santé du brocoli ; j'aimerais que tout le monde bénéficie de ses vertus! Mais est-ce que le cas du Brocoli à saveur d'orange est plus noble que le cas des chips?

"Fichtre! Que nenni!"

Dans la vraie vie, je me retrouve de temps à autre dans la position du vendeur de Brocoli à saveur d'orange. Sous prétexte qu'une chose est bonne pour quelqu'un et que je veux son bien, je la lui emballe joliment et j'essaie de la lui faire avaler. C'est ce que j'appelle La manipulation à saveur de nobles intentions. Je ne veux plus faire ça.

Ceci dit, retournons à notre métaphore alimentaire...

Supposons un dernier cas, extrême, où une personne qui déteste le brocoli doive en manger sous prétexte de mourir d'une quelconque maladie dégénérative.

Que faire dans ce cas là? Bien ou mal de lui offrir du  Brocoli à saveur d'orange? Y a-t-il des moments dans la vie où il est justifié de tenter d'influencer quelqu'un si nos intentions visent son bien être?

Plus je développe ma conscience, plus La manipulation à saveur de nobles intentions devient pour moi un sujet complexe. Je crois que la clé pour poser un vrai geste noble se pose en 3 questions:

1- Est-ce que je tiens compte en priorité des intérêts de la personne ou des miens? (Elle a intérêt à manger du brocoli; je veux écouler mon stock de vieux brocolis. Elle mourra si elle ne mange pas de brocoli; je ne veux pas qu'elle meure.) Dès que je place mes intérêts en premier, aussi importants qu'ils me paraissent, je ne peux pas poser un vrai geste noble, inutile de passer à la question suivante.

2- Est-ce que je distingue les désirs de la personne des miens? (Est-ce qu'elle veut manger du brocoli ou c'est moi qui veut qu'elle en mange? Est-ce qu'elle veut vivre ou c'est moi qui veut qu'elle vive?) Si je suis incapable de les distinguer ou si je sers purement mes désirs, inutile de passer à la question suivante.

3- Est-ce que j'ai une raison ultra-valable pour passer par-dessus ses désirs pour servir ses intérêts? (Ma fille ne réalise pas vraiment que son dédain du brocoli peut causer sa perte.) Si j'ai mûri la question et que j'obtiens un oui sûr, je crois que j'ai la chance de poser un geste noble.

Je profite de cette réflexion pour offrir mes excuses sincères à toutes les personnes à qui j'ai déjà essayé de vendre du Brocoli à saveur d'orange sans passer par le petit processus que je viens de décrire.

J'invite aussi les gens à se poser plus souvent les trois questions. C'est une chose de vouloir le bien des autres, mais pas contre leur gré, et pas pour servir nos propres intérêts.

Je remercie finalement toutes les personnes qui m'ont déjà fait manger du Brocoli à saveur d'orange en mettant de côté leurs propres intérêts ou leurs propres désirs. Il en faut des comme vous...


dimanche 12 février 2012

aimer sa mère en public

Dans ma vie, j'ai fait une grande et longue gaffe.

J'ai fait l'erreur de croire que ma mère était comme toutes les autres, et que toutes les mères étaient comme la mienne.

Ma mère est ma fan #1. Elle m'aime beaucoup. Elle m'aime inconditionnellement. Et jusqu'à tout récemment, il m'arrivait encore de dire qu'elle m'aime trop.

Ah! L'amour d'une mère pour un garçon... Cette manière qu'elle a de parler des réalisations de ses fils. Cette fierté sans pudeur. Cet amour sans modestie qui exige pour sa progéniture que la vie offre le meilleur d'elle-même. Cet amour exubérant qui souhaite à ses petits de recevoir leur juste part en toutes choses et celle du lion dans cet idéal qu'on appelle le bonheur. Maman, maman, ne m'aime pas si fort. Pas comme ça. Pas devant tout le monde.

J'ai dit ça moi? J'ai été stupide.

J'entends déjà ma mère m'interdire de dire ça de moi-même et je réalise d'autant plus l'étendue de ma bévue. Il aura fallu que je constate que toutes les mères n'aiment pas de cette façon, que toutes les mères n'aiment pas autant, que toutes les mères n'aiment pas, point, pour réaliser ma chance.

Ma mère n'est pas parfaite. Elle ne s'est pas toujours bien fait comprendre. Devant son amour débordant mêlé de craintes, je me suis cru obligé d'atteindre quelques succès inaccessibles, je ne me suis pas senti à la hauteur, je me suis senti indigne même... et ça me fut plus facile de dire qu'elle m'aimait trop que de soutenir l'intensité de la charge.

Stupide je dis. Là où d'autres mères se sont montrées même incapable d'amour, la mienne m'a fait cadeau d'un amour inconditionnel.

Je réalise enfin. L'amour inconditionnel de ma mère, c'est mon droit de faire les plus grandes erreurs du monde et d'être toujours aimé par quelqu'un. C'est mon droit d'aspirer à tout, même à la plus grande félicité en sachant que je la mérite, que quelqu'un me la souhaite. C'est mon droit de voler de mes propres ailes, près ou loin de cet amour, en sachant qu'il ne faiblira pas. Jamais.

Inutile de vous dire que j'ai le coeur gros en pensant à ce dont je me suis privé, en pensant à ce que plein d'autres n'ont pas même la chance d'avoir. Mais la vie est trop courte pour les longs regrets. Mieux vaut faire mon mea culpa maintenant et commencer à profiter, commencer à redonner.

Ah! L'amour d'une mère pour un garçon... Cette manière qu'elle a de parler des réalisations de ses fils. Cette fierté sans pudeur. Cet amour sans modestie qui exige pour sa progéniture que la vie offre le meilleur d'elle-même. Cet amour exubérant qui souhaite à ses petits de recevoir leur juste part en toutes choses et celle du lion dans cet idéal qu'on appelle le bonheur. Merci maman, merci pour tout.

Pour le temps perdu, je comprends maintenant le sens de ton amour. Pour le présent, je ne serai plus jamais gêné d'être aimé à ce point: aime moi comme tu veux et devant tout le monde. À partir de maintenant et pour l'avenir, je me jure de t'aimer au moins autant, en public même. Taste your own medecine! Et je d'interdis de te sentir indigne! Cet amour là n'est pas moins inconditionnel que le tien!

À ceux qui n'ont pas eu la chance d'avoir une mère comme la mienne, accordez vous le temps et le droit de saisir l'amour quand il passe.

Aux autres. Ne soyez pas stupides. L'amour de votre mère, c'est votre meilleur exemple pour aimer le plus inconditionnellement possible, c'est votre capacité à le faire. Se refuser l'un, c'est se refuser l'autre.

Je t'aime maman.

jeudi 9 février 2012

quand la perfection est l'ennemie de l'évolution

Cette semaine, je suis retombé sur une citation attribuée à Paul Valéry qui va comme suit: "Un poème n'est jamais fini, seulement abandonné." Je ne connais Paul Valéry que de nom. À peine. Mais le gars a compris quelque chose d'important.

Le premier fossile de requin date d'environ 450 millions d'années, trois fois plus vieux que le plus vieux dinosaure! Parfaitement adapté à son environnement, le requin "tel qu'on le connait" fêtera cette année son 181 millionième anniversaire... encore surprenant qu'il ait encore des dents dans la gueule.

Le lien entre le requin et Paul Valéry? Ces derniers temps, je commence tout juste à comprendre qu'à partir d'un certain niveau d'obsession, la perfection devient l'ennemie de l'évolution.

Les gens hautement productifs n'essaient pas de faire des choses parfaites. Ils font de leur mieux. Ils font beaucoup et ils peaufinent leur génie en chemin. Ils font attention aux détails, mais reconnaissent le point où la quantité d'énergie déployée devient beaucoup plus considérable que le degré d'amélioration qu'elle confère au projet. Les gens hautement productifs se soucient d'une qualité globale et parviennent à des chefs-d'oeuvres un peu sur le tas... Je ne dis pas ça négativement, de mon nouveau point de vue, c'est l'exemple à suivre!

Qui veut être un vieux requin tout parfait tout gris? Ça lui a quand même pris 269 millions d'année avant d'arriver où il est. Et pourquoi? Pour être la bibitte la plus effrayante de tous les océans. Pendant 181 millions d'années supplémentaires.

Toutefois, en noir et blanc, l'autre choix est de "botcher" la job. Je ne sais pas pour vous, mais moi je ne peux pas. Incapable. Heureusement, la palette est plus nuancée que ça.

Ce que je retiens de la citation de Paul Valéry, c'est que pour les perfectionnistes, le lâcher prise a un petit arrière-goût d'abandon. Il faudra apprendre à vivre avec. Ça me va. J'ai intérêt à me poser plus souvent la question pour savoir où je choisis de faire de l'overtime. L'énergie économisée en arrêtant de me perdre dans les détails me donnera l'occasion de faire plus, dans plus de domaines et, éventuellement, de faire mieux.

Et si on s'attarde au point de départ de ce souci de perfection, on constatera qu'il est beaucoup plus souvent qu'autrement motivé par un désir absurde de ne pas être imparfait (à nos propres yeux, aux yeux des autres) que par le seul souci de bien faire les choses. Cette inaccessible perfection se tient régulièrement dans le chemin de la saine et modeste réussite.

Je choisis de ne pas m'apitoyer sur le temps que j'ai passé à être trop perfectionniste. Avec une once de lâcher prise, je peux m'attaquer à de nouveaux projets intéressants ou décupler ma production et j'ai acquis deux outils fort utiles: le réel désir et la réelle patience de bien faire les choses.

mardi 7 février 2012

le fils de Darth Vader : petite recette pour devenir un jedi

- Luke, je suis ton père!
- Noooooon!!

Luke Skywalker croyait que son père n'était qu'un chevalier du bien. Un des meilleurs Jedis de la galaxie.

À la suite de la débâcle de l'armée rebelle, Luke s'écrase sur une planète reclue qu'à peu près personne connait. Son vaisseau est beeeen creux dans la vase et il est découragé. Heureusement, il est là grâce à un vieil ami déjà rendu Jedi qui l'a envoyé sur place pour faire connaissance avec son mentor, Yoda : un sage à l'allure sympathique et rabougrie qui vit dans une cabane qui a l'air de rien. Un sage trop hot... tellement hot qu'il se fout éperdument d'être hot. Le sage entraîne Luke. Il le protège des dangers et lui en crée des faux juste "pour le fun".

Un jour, Luke échoue pitoyablement le test de la grotte: il voit sa propre face dans le casque de Darth Vader. Il se met à avoir la prémonition que la princesse et ses amis sont en danger. Son vaisseau à peine sorti de la vase et avec l'impression d'avoir suffisamment compris La Force, il décide d'aller les secourir. Yoda désapprouve affirmant que son entraînement n'est pas terminé. Toutefois, Luke a une tête de pioche et il y va pareil.

Rendu là, son père lui révèle son côté obscur en lui disant:"Regarde en toi mon pit, tu le sais ben qu'on est pareils dans le fond". Mais il ne le prend pas notre Luke. Il dit: "Non! Je serai jamais comme toi!".

Comme un tapon, il a décidé d'affronter ça avant d'être prêt... sacré Luke! Mais, il s'est faite tchoppé la main et il a failli y laisser sa peau. Entre nous, y a un peu couru après le trouble.

Puis, Luke retourne s'entraîner auprès de Yoda (il l'avait promis, c'est un bon gars notre Luke dans le fond). Après lui avoir montré une couple de tricks pas piqués des vers, le vieux sage lui annonce qu'il est le frère jumeau de Leïa, que son entraînement est terminé et qu'il est prêt à retourner affronter son père. Puis, pouf! Yoda disparaît.

Avec sa nouvelle compréhension de La Force, Luke se pointe dans la tanière des méchants. Là, l'empereur Palpatine, le démon qui a corrompu son père, essaie de le corrompre à son tour. Mais Luke dit à son démon: "Je m'en câlisse de toi, j'ai même plus besoin de me battre!" Luke est rendu (ou il s'imagine qu'il est rendu) un vrai Jedi!

Le film pourrait peut-être finir là... je sais pas, j'ai pas encore 100% compris la fin. Quelque part, j'espère qu'il y a des alternate endings en circulation quelque part.

Toujours est-il que Luke se fait crisser une dernière solide rince par son démon et celui de son père. Avec des pouvoirs électriques super douloureux. Luke, c'est quand même pas une chiffe molle, pis y pleure pareil! Finalement, Darth Vader réalise que son démon lui appartient aussi et que c'est maintenant lui qui doit vaincre Palpatine. Il le lève à boutte de bras et le sacre dans le trou. Mais le vieux Darth Vader était déjà pas mal amoché par le côté obscur et il mourra peu de temps après être revenu du bon bord de la force. Heureusement, les gentils continuent de vivre dans le coeur de Luke. Et là, aucun doute, Luke est rendu un vrai Jedi.

C'est long et ça fait mal devenir un vrai Jedi, parce qu'on est tous le fils ou la fille de Darth Vader.

samedi 4 février 2012

j'aurais voulu être, un artiiiiiiiiiiichste


Vidangeur : personne qui ramasse les vidanges
Cuisinier : personne qui fait la cuisine
Serveur : personne qui s'occupe du service
Ingénieur : personne spécialisée en ingénérie
Artiste : personne qui fait de l'art
...

Hier, j'ai assisté à un souper de filles. Eh boy!

J'ai un ami qui rêvait de participer aux soupers de filles de ses amies. Pour sa fête, elles ont réalisé son souhait. L'affaire c'est qu'elles ont aussi invité les garçons... déguisés en filles. Quand il est arrivé, elles l'ont déguisé également. Il a eu le droit à la totale. Et nous aussi par la bande. Mascara, fond de teint, rouge à lèvre, ombre à paupières, parfum, masque de beauté, manucure (ça messieurs, ça vaut la peine!), crèmes, crèmes et re-crèmes, pour la face, les mains, les bras, les pieds, discussion à propos de la perception que la femme a d'elle-même et des autres femmes, lecture de magazines de filles, table ronde de réponses aux questions des magazines de filles, etc. La totale.

À un moment de la soirée, on jase entre filles et on arrive (sans faire exprès) à La-discussion-à-propos-des-artistes. Ceux qui côtoie de près ou de loin des artistes savent à quel point La-discussion-à-propos-des-artistes est une entité bien concrète. Il faut l'écrire de même, c'est un peu gossant, mais c'est ça (je ne l'écrirai pas une troisième fois en trois phrases, mais vous pouvez la rajouter dans votre tête). C'est un genre de variation sur un même thème, super intéressante la première fois, dont on apprend à se méfier au fil du temps et qu'on finit par redouter comme une mouffette avec la queue dans les airs. Eh bien, CONTRE TOUTE ATTENTE, celle-là été non seulement fort rafraîchissante, mais également : instructive. Noooooon? Ben oui. TRÈS.

Ceux qui me connaissent savent combien je me méfie des « artistes » (entre guillemets, mieux vaut le contenir ce mot-là, sinon il pourrait se lâcher lousse et me scrapper mon texte). Je me méfie des « artistes » comme on se méfie d'un bonhomme louche qui déambule dans un parc avec les jambes nues comme s'il faisait chaud et un manteau long comme s'il faisait froid. Pour le dire simplement, il n'est peut-être pas condamné d'avance, mais il n'a pas vraiment de marge de manoeuvre. À l'instar de mon vieux pervers, les gens qui s'autoproclament « artistes » on souvent tendance à nous déballer des choses qu'on n'a pas nécessairement envie de voir, ou le cas échéant, d'entendre. Les Artiiischstes ont une fâcheuse tendance au pétagedebroutisme, au namedroppingisme et à une couple d'autres néologismes tellement laittes que j'ai même pas envie de les inventer. Les Artiiischtes prononcent leur titre comme si ça les élevait au dessus du vidangeur, du cuisinier, du serveur et même (sacrilège!), de l'ingénieur (ne pas confondre avec les gningnégnieurs qui eux, sont les artiiiichstes de leur profession).

Affublé d'un chapeau de Fraisinette et d'une brassière rouge à 100$, complètement inconscient de mon léger préjugé, le fêté — lui-même musicien — nous parle de sa vision de l'artiste. Son discours tient à peu de chose :
« Artiste, c'est juste une catégorie de monde. Un vidangeur, c'est une personne qui ramasse les vidanges. Un artiste, c'est une personne qui fait de l'art. Plusieurs artistes se prennent trop au sérieux, mais il y a différents types d'artistes, avec différents tempéraments... comme il y a plusieurs types de vidangeurs, d'infirmières ou de serveurs. »

Pouf. Fuiiiiiiiiiiiiiiiiiii. Ça, c'était le son de ma balloune qui pète et qui se dégonfle. Une bonne chose. Il a raison le fêté. Artiste, c'est juste un mot. Certains se le sont approprié pour en faire quelque chose qui ne me plait pas et sont devenus les principaux représentant de la race, ou du moins, les plus voyants. Je peux prendre le mot et faire ce que je veux avec. Artiste, c'est une personne qui fait de l'art. Je suis une personne qui fait de l'art. J'ai passé les quinze dernières années de ma vie à jouer de la musique, composer, écrire, créer. Pendant 15 ans, je me suis donné, j'ai choisi de me donner le maximum de temps pour faire ça, en vivant d'ultra-simplicité ultra-volontaire et de pauvreté pas nécessairement nécessaire, en me faisant donner des meubles, de la vaisselle, du linge, des lifts par mes généreux amis (merci groupe), en jouant dans le métro, en refusant la majorité des compromis. Pourquoi? Pour consacrer ma vie à créer. Parce que je l'ai dans le sang. Parce que ça m'appelle pour vrai. Le blues du business man (arche!), ça ne m'arrivera jamais, même pas inquiet. Je suis à l'abris de ça pour toujours. Garanti. 100% bluesdubusinessman-proof. Je deviendrais serveur, banquier ou rédacteur publicitaire et je serais pas moins artiste. Une personne qui fait de l'art.

Mais mes découvertes de la soirée ne s'arrêtent pas là! Ma grande culpabilité au sujet d'être un artiste vient, ou plutôt venait, du fait qu'on ne produit pas quelque chose d'essentiel. Le travail de l'artiste est superflu. Je disais dans mon dernier billet que c'est la vie qui compte avant tout et qu'il faut bâtir le château à l'endroit. Il y a des gens qui meurent de faim, partout, même dans la ruelle à côté de chez nous. Il y a des malades, de la tristesse, de la guerre, [note à moi-même : insérer ici la liste exhaustive des calamités terrestres], etc. Laissez les vidanges de la ville s'accumuler pendant 6 mois et, après avoir pilé sur un rat crevé gros comme un ours, prenez une grande bouffée d'air pour voir qui, de l'artiste ou du vidangeur, fait le travail le plus important. Voilà ce que je pensais.

Hier, j'ai raconté ça à une infirmière. Une vraie infirmière là, pas un gars avec un faux suit, une perruque et un masque de co-combre. Dans son infinie bonté, elle m'a raconté le bien que les créateurs lui procurent après une journée de travail. Elle a même dit qu'elle ne pourrait pas faire son travail si les artistes n'existaient pas.

Re-pouf. Re-fuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii. Faut bâtir le château à l'endroit, d'accord. Mais tout le monde n'a pas le même rôle dans la construction du château. Tout le monde doit participer, mais tout le monde doit faire ce qu'il a à faire. Mon rôle à moi, c'est peut-être de jouer de la musique et d'écrire des textes poignants le temps que d'autres ont les mains dans le sang et dans le caca... pauvre gars! Et si je m'y attarde pour y penser, je les imagine s'acquitter vaillamment de leur tâche pendant que je fais du chichi et une petite crise existentielle tranquille au lieu de m'occuper de ce que j'ai à faire. Si j'étais à leur place, ça fait longtemps que je serais en beau fusil en train de crier : « Tu vois ben qu'on a les mains dans marde! Ça nous fait plaisir de s'occuper de d'ça, mais chante maudit : chaaaaaaante! »... et, ma colère dissipée, j'ajouterais d'une voix plus tranquille : « By the way, tu peux écrire aussi, l'un n'empêche pas l'autre, je te rappelle qu'on a les mains dans marde. »

Comme le gars qui rentre à la job à onze et quart une journée où il y a de l'overtime à faire, je terminerai cette brillante réflexion avec ceci. Merci pour votre patience tout le monde, je pense que je vais me mettre à l'ouvrage.

L'artiste.

La fameuse conversation à propos de l'art par Daro.
[Ça date pas d'hier. La ressemblance avec moi est "purement fortuite" (hum)]

jeudi 2 février 2012

au moins autant de vies qu'un chat

Croyez-vous à la réincarnation? "Question de marde", diront ceux qui ne sont pas déjà retournés sur facebook en lisant le mot. "Question de la plus haute importance", diront quelques ésotériques. Il paraîtrait que la physique quantique est rendue à penser le monde en multivers: des milliards d'univers parallèles au nôtre avec des copies de chacun de nous qui évoluent de leur bord (wooooooah)... rendu là, c'est difficile de débattre de la question de la réincarnation. Honnêtement, c'est même pas exactement de ça dont je veux vous parler.

La réincarnation qui m'intéresse aujourd'hui n'est pas celle qui intervient après notre vie, mais celle qui survient pendant notre existence. Vous savez? La mue des serpents, les chenilles, les papillons... mais chez l'humain. Et je ne parle pas ici d'extreme make over (qui n'est que votre vieille personnalité enduite d'une sérieuse couche de vernis), mais bien d'une transformation profonde.

Je suis mort plusieurs fois depuis ma naissance. Au primaire quand un gars quatre ans plus vieux que moi et au moins autant de fois plus gros m'a tabassé pour me piquer trois (3!!) crayons. Au secondaire quand mes parents se sont séparés juste comme je projetais faire une crise d'adolescence en règle. En déménageant, en perdant des amis, en abandonnant des projets qui me tenaient à coeur, à ma première petite peine d'amour, à ma première grande peine d'amour, etc.

Je suis mort plusieurs de fois, mais je suis surtout mort, mais là vraiment mort il y a deux ans, quand toutes les lumières importantes de ma console de vie se sont éteintes les unes après les autres. Mon coeur s'est arrêté de battre en direct sur ce blog le dimanche 30 mai 2010. J'étais mort. Puis. Tranquillement. Je suis revenu vers le monde des vivants. On peut suivre tout mon déclin, mais également mon retour à la vie sur Plume de plomb. Sans trop me voir aller, mes textes sont passés du lourd au léger... et même la page (grise) a changé de couleur.

Pourquoi je raconte tout ça? Comme d'habitude, j'arriverai au point, suivez-moi encore un peu. On se relève de toutes les morts pour commencer de nouvelles vies (réincarnation, quand tu nous tiens). Mais on ne recommence pas toujours des vies meilleures (crap!). Des fois elles sont seulement semblables et d'autres fois carrément pires (boooouuuh!). Ça dépend de ce qu'on en fait, un peu. Ça dépend de la chance aussi. L'avantage d'une bonne vieille mort sur tous les plans, c'est qu'on repart à peu près à neuf.

En ce moment, je me sens neuf. Neuf comme les fois où on se dit "si je pouvais recommencer ma vie au début avec tout mon bagage, maudit que j'en profiterais!". C'est un incroyablement bon feeling, mais ça me dépasse. Et je crois qu'une découverte qui me dépasse n'appartient pas qu'à moi, il faut que je la partage. [Sans compter que j'adore essayer de mettre en mots l'inexplicable, fermez le crochet->].

Je pense aux gens qui ont touché le fond du puits sans fond. Quand on est rendu là, la voix des autres est loin, on n'espère plus d'aide, on ne sait même plus que ça existe. Ça existe! Je pense aux gens qui ont l'impression de ne pas se réaliser pleinement, de se taper toujours la tête sur le même mur ou d'écouter en boucle une chanson qu'ils détestent. On en sort! Je pense aux gens atteint de l'instinct de l'antilope blessée qui cache sa blessure aux lions pour ne pas se faire bouffer... il y a tellement moins de lions qu'on pense! C'est vrai que le monde ne tourne pas rond, mais il y a toujours (fiou) quelques mains tendues.

Au secondaire, ils faisaient venir des gens pour parler de suicide et de dépression. La majorité d'entre nous écoutait sans trop comprendre. On était curieux parce que c'était une vedette ou juste parce que la personne était fine et intéressée par les jeunes. Ça nous sortait de la tête quelques jours après parce qu'on allait bien, et c'est tant mieux! Mais aujourd'hui, avec le recul, je pense à ceux qui songeaient réellement au suicide et je suis reconnaissant envers ceux qui sont passés nous rencontrer. Aujourd'hui, je trouve ça bien dommage qu'on n'ait pas quelqu'un pour venir nous jaser de dépression et de suicide dans notre vie d'adulte...

Pourquoi je raconte tout ça? Pour partager mon impression d'avoir au moins autant de vies qu'un chat. Parce que celle qui commence sera belle. Pour nous/me rappeler que pour se réincarner dans cette vie-ci, il faut se cramponner à elle, même quand elle fout le camp en laissant derrière tout ce qui comptait pour nous. Pour apprendre à ne plus autant me cramponner au reste. Même la job de rêve, même les amis, même l'amour... ce n'est rien si la vie n'y est pas. Faut bâtir le château à l'endroit.