vendredi 20 avril 2012

les vases qui débordent et les vases communicants

Nous sommes des vases. Chacun de nous. Une multitude de vases.

Dans la peine, dans la joie, dans la peur, dans l'amour, dans les questions et les réponses...

Une multitude de petits et de vastes récipients, variés et variables. Chacun pouvant accepter un certain volume de joies ou de peines, en proportion différente, chacun avec ses limites.

Et puis tombe la fameuse goutte. Celle qui fait déborder. Remarquez je dis la goutte, des fois c'est une louche, un bucket, une pluie diluvienne.

Et puis tombe la fameuse goutte, donc, et on déborde. On se renverse autour, dans les vases des autres, dans les nôtres. Un peu, beaucoup, passionnément... SPLASH! Le malheur de l'un dans le bonheur des autres. Les peines des uns dans celles des autres. SPLASH! Vos propres questions dans vos propres certitudes. De la paix dans le doute. De la joie dans la quiétude. De l'euphorie dans la détresse ou dans la passion. SPLASH! Joyeux bordel.

Joyeux bordel de fluides qui se mélangent, qui se diluent, qui explosent ou qui splashent en cascade dans d'autres vases parce que le vôtre est trop plein!

Joyeux bordel qui prend au dépourvu, qui choque même. Ça, c'est le problème avec des vases isolés ou empilés maladroitement les uns sur les autres.

Vous connaissez le principe des vases communicants? Reliés en permanence par des tubes de manière à garder le niveau de liquide égal dans chacun en fonction de ses proportions.

On a intérêt, je crois, à devenir des vases communicants. À diffuser doucement ce qu'il faut d'enthousiasme et de joie pour adoucir les peines. À se délester en permanence d'un soupçon de doutes comme d'un soupçon de certitudes pour laisser de la place à ceux des autres. Que les grands récipients accueillent leur juste part pour que d'autres s'élargissent.

Individuellement, que chacun surveille le niveau de ses vases. Offrir et demander avant de se transformer en puits sec ou en raz-de-marée. Que chacun veille à gagner en amplitude. Que chacun distribue ses tubes et ses tuyaux où il veut pour combler les injustices et les manques... pour le simple plaisir ou pour l'expérience scientifique. Pour découvrir de nouvelles chimies, de nouveaux remèdes, un nouvel équilibre.

dimanche 15 avril 2012

... pourtant, j'étais là!

Hier, j'ai raté la moitié d'une super belle soirée... pourtant, j'étais là!

C'était ma première fois à un évènement d'art-poésie qui en est à sa 5e édition. Première fois alors qu'on m'invite depuis le tout début et que certains de mes textes ont déjà été lus. On m'a introduit en ami, en bonne connaissance, heureux de pouvoir mettre un visage sur un nom.

Je suis arrivé en espérant être à la hauteur des attentes. Je suis arrivé en voulant leur montrer que j'étais bon, qu'ils ne s'étaient pas trompés en aimant mes autres textes. Je suis arrivé, sans y être.

J'ai entendu les autres qui passaient sur scène en redoutant le moment où mon nom sortirait du chapeau. J'ai entendu des mots et je me suis posé en juge ; ceci est meilleur que cela. J'ai essayé d'évaluer mon rang ; je suis probablement moins bon qu'elle, mais peut-être meilleur que lui. J'ai entendu, sans écouter.

Résultat: mon nom est sorti du chapeau et je suis monté sur scène comme on sort d'une rêverie. Hors contexte. J'ai joué, désincarné.

Heureusement, les autres étaient là, eux, bien présents. Merci. Heureusement, j'ai réussi à respirer et à m'inspirer de l'énergie ambiante. Heureusement, j'ai su choisir mon camp. Impossible d'être à la fois dans le jugement et dans le partage. Impossible d'attribuer des notes sans avoir peur d'être jugé. J'ai choisi le partage. J'ai fini par écouter. J'ai fini par y être.

Hier, j'ai vécu la moitié d'une super belle soirée. Prochaine fois, je compte y être dès le début. 

samedi 14 avril 2012

22 AVRIL: adieu la phobie des manifestations

Le 22 avril 2012 se tiendra au Québec un grand rassemblement pour le bien de notre Terre, pour le bien commun.

J'y serai parce que je crois qu'il y a de sérieux problèmes avec les décisions prises par les gouvernements en place, tant au fédéral qu'au provincial. J'y serai parce que si je n'y vais pas, ils continueront de profiter de l'apathie générale pour faire ce qu'ils veulent, en notre nom. J'y serai parce que je ne veux plus laisser ma voix à d'autres.

Les manifestations sont souvent associées à de l'extrémisme... Pourtant, en réalité, elles prennent la couleur de la majorité qui la compose (regardez le 22 mars). J'invite tous les gens nuancés, réfléchis, réalistes et pacifiques à se joindre à nous pour cette marche!

Ne laissez plus les conservateurs, les extrémistes ou les agitateurs parler en votre nom!!! Soyez la voix du milieu!

À ceux qui répondent: "Je trouve que la cause est bonne, mais les grèves et les manifs, ça ne sert à rien..."

J'ajouterais: Est-ce que ce qu'on aurait fait à la place de manifester sert à quelque chose?

Si vous aviez prévu passer du temps en famille, marcher, magasiner... il est possible de voir la manifestation du même oeil, on peut passer du temps de qualité ensemble, avec des gens qu'on aime (j'y serai avec ma mère et des amis), les enfants peuvent venir; ça peut être simple, amusant et gratifiant!

À la dernière manif contre la cruauté animale, les enfants d'un ami avaient fabriqué leur propres pancartes: "TRAITEZ BIEN LES ANIMAUX, SINON PROUT!" (hep...) Remplis d'enthousiasme, ils ont commencé spontanément à scander leur slogan on s'est rapidement retrouvé plusieurs adultes à crier: Traitez bien les animaux, sinon prout! Petits extrémistes va! Ne vient-on pas de leur inculquer des meilleures valeurs qu'en les amenant magasiner tout un dimanche?

Ne serait-il pas temps de changer notre perception des manifestations au Québec?

Un autre ami déplorait le fait que les manifestations sont toujours CONTRE quelque chose... celle du 22 avril sera POUR! POUR des valeurs qui nous tiennent à coeur, POUR offrir un environnement sain aux générations qui nous suivront, POUR ouvrir le dialogue avec des élus qui oublient trop souvent qu'ils agissent en notre nom.

Je le répète, j'invite tous les gens nuancés, réfléchis, réalistes et pacifiques à se joindre à nous pour cette marche!

22 AVRIL 2012, 14H00
PLACE DES FESTIVAL DU QUARTIER DES SPECTACLES
MONTRÉAL

jeudi 12 avril 2012

ma grand-mère et la botanique

Quand je m'impatiente. Quand la vie ne me donne pas ce que je veux, tout de suite, là, maintenant! Quand j'exige des réponses, sur ma job, sur l'amour, sur tout et sur rien. Quand je compte les jours sur le calendrier ou les grains du sablier... ma grand-mère n'a qu'une seule réponse:
"T'auras beau tirer sur les fleurs, elles ne pousseront pas plus vite!"

Et elle s'y connaît la vieille. Elle a travaillé pendant des années chez W.H Perron et, toute l'année, elle a un bouquet sur la table.

Il y a un an à peine, je lui rétorquais encore des trucs comme: "Je comprends, Grand-maman, mais je fais quoi?"

Sans vraiment répondre, elle hochait la tête en souriant et se dirigeait vers la dépense: "Veux-tu des biscuits? Ou un ginger ale avec de la glace?"

Elle sentait la gentillesse à plein nez. Mais ça ne m'avançait pas à grand chose.

T'auras beau tirer sur les fleurs, elles ne pousseront pas plus vite... je comprenais le sens, mais à défaut de pouvoir tirer sur quoi que ça soit, je m'affalais sur une chaise, les bras croisés ou les mains dans les poches, de mauvaise humeur.

Il faut la voir, ma grand-mère, s'occuper de ses fleurs. Elle les sème, elle les arrose, elle les tourne, elle leur parle et leur chante des chansons. Elle donne ce qu'il faut de lumière à l'une, ce qu'il faut d'ombre à l'autre. Elle les cueille à point et sait les garder belles, même une fois dans le vase. "Ici, coupe la tige en biseau. Celle-là, mets une aspirine dans son eau!"

Il faut les voir, les bouquets de ma grand-mère, confectionnés, après tant d'efforts, avec les fleurs qui ont bien daigné pousser; les couleurs variant selon la chance et la saison... ils sont comme elle: beaux, simples, généreux.

Au fond, les métaphores de ma grand-mère sont tellement peu subtiles! Je me demande comment j'ai pu, pendant aussi longtemps, chercher quoi faire en attendant que les fleurs poussent.

dimanche 8 avril 2012

les femmes, les promesses et l'engagement dans le couple

"Pas de promesses, pas de problèmes."
- Petit dicton qu'une de mes ex et moi avions inventé pour ne pas être déçus par les attentes.

"Tu me demandes des garanties... je ne peux pas te faire de promesses."
- Réponse de la fille que j'ai dans l'oeil aujourd'hui à mes questions sur le couple.

Aujourd'hui, je me contenterais d'une seule: la volonté d'engagement.

On reproche souvent aux hommes d'avoir peur de l'engagement. Qu'en est-il des femmes?

En 2012, je réalise qu'une majorité de gens, hommes et femmes, confondent (ou dissocient délibérément) la volonté d'être en couple et la volonté d'engagement.

Pour énormément de monde, être en couple se résume aujourd'hui à partager quelques intérêts et activités, à n'avoir officiellement qu'un seul partenaire sexuel (tant que les apparences sont sauves) et à avoir le droit de s'appeler "chéri(e)" en public... ce qui est déjà trop contraignant  pour plusieurs. Hommes et femmes. Il faut quand même garder sa liberté! Et même ceux qui ont la volonté d'être en couple prennent, dans cette perspective, une décision légère. On entre en relation comme on entre au cinéma et on sort si le film est mauvais... ce qui finit presque toujours par arriver avec ce genre de prémisses.

L'engagement, comme le fait d'être en couple, est un acte volontaire. On décide ou non de s'engager. Mais on s'engage à quoi au juste? Par définition même, l'engagement est "l'action de se lier par une promesse (...) promesse de fidélité en amour, liaison ou union qui en résulte". Pas de promesse, pas d'engagement: merci Petit Robert!  Et la peur de cet engagement me semble aujourd'hui assez généralisée et non pas exclusive à la gente masculine.

Plusieurs personnes ont peur des promesses parce qu'ils savent qu'on ne peut prédire l'avenir. Pour moi, se faire une promesse et avoir la volonté de la tenir, c'est un peu prédire l'avenir.

Qu'est-ce qui se passera si l'un de nous perd sa job? Si on désire le corps (assez croquable merci) du voisin ou de la voisine? Si je fais des erreurs? Si tu as un accident? Si tu prends des décisions avec lesquelles je ne suis pas d'accord? Je ne peux pas prédire les problèmes qui surgiront, mais je peux prédire que je saurai placer une relation au devant des problèmes. Comment? Parce que j'ai la force et le désir de le faire aujourd'hui et que je peux décider à l'avance que j'aurai la volonté de continuer demain.

Cela dit, je crois que c'est une bonne chose d'hésiter à faire une promesse, ça montre qu'on aimerait la tenir. Une promesse donne toujours le vertige; surtout celle-là, parce qu'elle en englobe tellement d'autres. Mais je constate que les gens sont souvent malheureux en amour parce qu'ils refusent de se faire des promesses ou parce qu'ils n'ont pas eu la volonté de les tenir. Ils laissent leur couple dériver, en ayant peu confiance en l'avenir parce que l'autre n'ose pas s'y projeter, en profitant avec une fébrilité malsaine du présent par manque de confiance en l'avenir, en maudissant les promesses brisées par l'autre, en s'enfuyant dans la solitude au lieu de mettre les efforts nécessaires pour les honorer.

Pour moi, aujourd'hui, le couple sans engagement n'a plus de sens. Pas plus que l'engagement sans volonté. Une relation nourrissante demande une implication particulière. Si le bonheur solitaire passe un peu par les promesses que l'on se fait à soi-même et que l'on arrive à tenir. Le bonheur à deux passe probablement un peu par les promesses que l'on se fait à deux et que l'on tient à deux.

Je ne dirais pas que je n'ai aucune peur de l'engagement, mais certainement que j'ai envie que l'on réponde à assez de questions pour avoir envie de se faire des promesses...

Et toi, Beauté?