mardi 28 décembre 2010

on espère qu'il fera chaud cet été

Être célibataire à la fin décembre, -15 degrés dehors, 22 degrés dedans. Regarder par la fenêtre de l’appartement, dans Villeray, tout blanc. Rêver sans impatience au printemps dans un parc. Aux jambes nues d’une inconnue, sorties trop tôt sur l’herbe fraîche. Juste pour narguer l’hiver, pour lui donner le coup de grâce.

Elle porte encore ses bottes et des bas jusqu’aux genoux, un chandail de laine qui pique et qui cache le cou. On s’aime depuis 2 jours à peine, sur la pointe des pieds. Je me prends encore pour un courant d’air, qui soulève ses cheveux pour dérober un peu de parfum au creux de sa nuque. Elle sourit en regardant par terre, sachant très bien que je l’observe. Sa main se fraie un chemin à travers mon manteau pour se poser, toute froide, à la base de mon dos. Je rêve de faire pareil, découvrir sa peau comme un aveugle qui lit en braille, du bout des doigts, du bout des cils ou du bout des lèvres. En silence, on goûte le sable fin des premières caresses alors que s'écoule, à notre insu, le sablier des premiers instants. Lentement, elle tourne la tête pour lire dans mes yeux avec ses deux soleils. La télépathie est une chose à la fois vague et précise. Sans pouvoir dire tous les détails, nous savons que nous voulons rentrer, par un chemin plus ou moins court, coller nos lèvres et coller nos corps. Sa main quitte mon dos pour rejoindre la mienne et, sans se consulter, on se lève.

On espère qu'il fera chaud cet été.

lundi 6 décembre 2010

les romans qu'on écrit... et ceux dont on rêve toute une vie

Étrange la différence entre "ce que l'on désire" et "ce que l'on fait".

Hier, sur un blog qui me plait beaucoup, j'ai lu un billet qui s'intitule "Ce roman que je n'écrirai jamais".

Ce petit texte s'est présenté comme le morceau manquant d'un puzzle de l'une de mes nombreuses réflexions.

La majorité des gens que je connais (pour ne pas dire tous) sont aux prises avec quelques rêves inassouvis et, jusqu'à tout récemment, "ça me fâchait donc" de les entendre en parler!

Premièrement, ça me remettait en pleine face mes propres incapacités à matérialiser certains rêves et deuxièmement... si tu veux faire quelque chose, fais-le, mais FAIS-LE DONC!!

Attention! Je considère rétroactivement qu'un "fais-le donc" exaspéré n'est pas souhaitable MAIS, j'aimerais quand même souligner la part de positif qu'il contient.

Même mal exprimé, ce commentaire témoigne de ma confiance dans le potentiel de l'autre à réaliser un rêve. Si j'étais convaincu qu'il ou elle n'a pas les capacités pour le faire, j'essaierais de trouver le courage de le lui dire.

[Dans le cas de la blogueuse qui veut écrire un roman: Pourquoi qqun qui écrit plusieurs excellents billets par mois ne pourrait pas écrire un bon roman?! T'es pleine de talent, go!]

Récemment, les rêves inassouvis ne me fâchent plus. Je me concentre sur les gens qui m'inspirent, et j'essaie de leur dire pour qu'ils continuent de rayonner.

Pour ceux qui sont empêtrés... j'ai de l'empathie sincère mais pas de pitié. Ça fait partie du chemin, "être empêtré".

Comme je disais à la blogueuse:
Tirez-moi des roches, mais je pense qu'il est bon que certains rêvent meurent pour qu'on découvre "notre voie".

Si tu écris un roman un jour, la période actuelle en est une de gestation. Nécessaire.

Si tu ne l'écris jamais, la période actuelle en est une de deuil. Nécessaire.

À la fin, le talent et les autres importent peu. Si tu le fais, tu le fais. Si tu ne le fais pas, c'est que tu auras préféré faire autre chose... en tout cas je te le souhaite.

[Homer Simson: "Marge, I'm confused, is that an happy ending or a sad ending?"

Marge: "It's an ending, that's all."]

vendredi 3 décembre 2010

compte rendu de moustachu


Movember, novembre + moustache.

Pour ce qui ne le savent pas encore, novembre est un mois de sensibilisation au cancer de la prostate. J'avais décidé de me prêter au jeu, sans rien vérifier comme d'habitude, jusqu'à ce que mon petit frère fasse ça plus proprement en inscrivant notre équipe pour qu'on puisse amasser des dons.

Le truc avec une équipe officielle, c'est le but recherché et ça marche, c'est qu'on se sent autrement plus impliqué. Dès lors, plus le droit de faire marche arrière et "obligation" de faire de la promo.

Durant un mois, je l'ai portée partout, devant mes élèves de guitare, au badminton, à l'épicerie, au théâtre, au cirque, en show, à table, sur le web, partout.

Partout, j'ai pu apprécié le formidable concept de Movember. Partout, les gens qui me connaissent ou qui me reconnaissent seulement, m'ont parlé de ma moustache et je leur ai parlé de Movember et du cancer de la prostate en retour.

En me promenant seul dans le métro ou dans la rue, je continuais d'admirer le concept. Seul, on passe plus incognito - ce n'est qu'une moustache après tout - et pourtant, on y pense de temps à autre... en dévisageant un moustachu (fait-il Movember?), en ayant un regard entendu avec un moustachu (il fait Movember), en enviant un moustachu (bel ornement!), en se faisant sourire par une jolie fille (connait-elle l'existence de Movember ou elle me trouve beau de même?).

Durant un mois, j'ai été laid, beau, drôle, chicken (poc-poc-pocoooooc!) avec ma moustache reliée à mes favs, différent avec ma moustache à la Hulk Hogan, je me suis fait appelé Mario, Luigi, Pacini, Week-end chez Berni... j'ai même eu droit à un "Nice-Stache" d'un inconnu.

À voir nos réactions, celle du monde et la mienne, je réalisais à quel point porter une moustache est un "statement" dans certains milieux alors que c'était tellement normal pour les gars quand je travaillais dans les shops.

Cette semaine, mes derniers préjugés sont tombés. Après avoir été tellement gêné, après l'avoir portée en show seulement pour la cause, pour l'honneur et pour faire taire les "t'es pas game"... j'ai réalisé en la coupant que je me trouvais plus beau avec, l'habitude. Alors, j'ai chanté cette toune .

Une moustache! C'est rien qu'une moustache! "No big deal". Faites ce qui vous chante avec votre "pouel", y a des gens qui ont le cancer!

Et il me fait plaisir de lever mon chapeau à Movember un dernier coup, ma mini crainte de l'histoire était que le monde retienne plus les moustaches que la cause... mais non, on a ri, on a réfléchi et Movember a récolté près de 20 millions de dollars au Canada et près de 60 millions dans le monde!

Prenez le par le bout que vous voulez, je pense pas qu'il ait de perdants dans l'aventure. S'il y a des preneurs, après avoir essayé les styles "trucker" et "undercover brother", je rêve pour l'an prochain d'une équipe complète de "connoisseurs"!