mercredi 11 janvier 2012

question à 100$ sur l'amour et la dépendance affective


Plusieurs filles s’imaginent à tort qu’une soirée de gars n’est pas propice à la discussion profonde, qu’on ne parle que de sport, de cul et de choses bien viriles tout en perdant notre temps à des jeux de garçons...

Récemment, j’avais rendez-vous avec mes deux boys pour tenter d’éliminer Team USA au tournoi international de hockey sur X-box en prenant une bière (à ce stade-ci, vous pouvez sourire, mais pas rire tout de suite)… Après les salutations d’usage composées de fermes poignées de mains, de bines sur l’épaule et de diverses taquineries ne portant ni sur les chars, ni sur la longueur de notre pénis, je lâche la question. De même, sans préambule, out of the blue :

« Comment un dépendant affectif arrive un jour à distinguer sa dépendance de l’amour véritable? Par quel processus finit-il par savoir qu’il apprécie réellement une personne pour elle-même et que n’importe qui d’autre ne ferait pas l’affaire? »

Bonjour. Je m’appelle F. Je suis dépendant. Pas énormément, un peu. Et justement, je travaille tranquillement à me guérir de ce genre de petits bobos.

Après m’avoir gratifié d’un « TAPETTE! » bien senti, l’un d’une voix de Plume Latraverse, l’autre avec celle de Pierre Falardeau, les gars prennent le temps de réfléchir sérieusement à ma question. J’entends l’engrenage de leur cerveau se mettre leeeeen-te-ment en marche. En rechignant quand même un peu: « Come on, on vient à peine d’enlever nos coats! » Le code de déontologie des soirées de NHL exige normalement deux-trois bières avant une question du genre, mais ils sont bons joueurs. Ça pense.

Tous les deux s’entendent pour dire qu’elle n’est pas facile celle là.

 - C’est-tu vraiment important de faire une différence entre de la dépendance et de la vraie affection? De s’enquérir le plus « philosophe » de mes acolytes… J’veux dire, je suis ben plus dépendant que toi... Si j’ai envie d’aller vers une fille, j’y vais. Et quand ça marche plus, je sais qu’elle n’a qu’un petit mot à dire pour que ça recommence. Et si ça ne recommence pas avec elle, ça recommencera avec une autre.

Il est de ceux qui croient qu’on ne change jamais vraiment et qu’en fin de compte, sur le long fil de notre vie, mettre beaucoup d’efforts pour avancer d’un minuscule pas de limace gluant avec une coulée de bave en arrière, c’est un peu idiot.

J’arrive à le comprendre, mais au point où j’en suis, j’ai envie, j’ai besoin d’avancer. Même d’un pas de limace. Gluant. Avec une coulée de bave en arrière.

Mon deuxième comparse est plutôt du genre sensible. Il ressent la détresse chez les autres et cherche à l’apaiser. Il mijote donc sa réponse. On soupe. On jase de choses et d’autres et on se retrouve finalement devant la console de jeu, manettes en main, lorsqu’il propose sa théorie de l’amour (ce n’est pas vraiment une réponse à ma question, mais ce n’est pas sans lien et je salue l’effort) :

- Moi je pense qu’il y a deux moments où tu t’aperçois que tu tombes amoureux. Un : quand tu te retrouves collé contre l’autre et que tu n’as plus envie de rien d’autre. Deux : quand tu as envie de tout partager avec cette personne sans te rassasier. Tu as envie de faire un paquet d’activités et tu voudrais toujours qu’elle soit là, tu veux lui raconter ta journée, tu penses à elle quand elle n’est pas là, etc.

C’est ça l’amour? Les manifestations de l’amour?

Nombre de gars peuvent être collés sur une fille (jolie et nue de préférence) et n’avoir envie de rien d’autre. Certains sans être amoureux. D’autres en étant clairement dépendants. Voilà pour un.

Le besoin de voir toujours quelqu’un, la pulsion de penser toujours à elle, l’envie de tout vouloir faire ensemble et le fait de n’être jamais rassasié ne peuvent ils pas être autant de manifestations de dépendance? Voilà pour deux.

Mon but n’est pas de démolir la théorie de mon ami. Je l’ai dit, je salue l’effort et peut-être a-t-il raison, je ne sais plus. Mais, chose certaine, ce ne sont pas des moyens infaillibles pour un dépendant affectif de distinguer sa dépendance d’une affection véritable. On n’a, hélas, toujours pas répondu à ma question à 100$.

Je la repose donc, je vous lance le défi sans vraiment avoir l’intension de payer pour la réponse autrement que par mon infinie gratitude (ce qui n’est déjà pas si mal) :

« Comment un dépendant affectif arrive un jour à distinguer sa dépendance de l’amour véritable? Par quel processus finit-il par savoir qu’il apprécie réellement une personne pour elle-même et que n’importe qui d’autre ne ferait pas l’affaire? »

19 commentaires:

  1. Salut Frank,

    Encore et toujours agréable de te dire.
    C'est bon de te voir remettre les pendules à l'heure quant au profond des discussions de gars, entre deux blagues de fesses...

    Étant moi aussi un dépendant affectif, je vais tenter de me lancer dans une esquisse de réponse. Pas que je ne crois l'avoir trouvée, mais plutôt pour participer à l'effort dans l'espoir de la trouver.

    Étant célibataire depuis quelques temps maintenant, en partie par choix, et en partie par concours de circonstances, j'ai une piste de solution à l'énigme.

    Je serais porté à croire que c'est l'expérience qui t'amène cette réponse. Maintenant à 34 ans, après avoir fréquenté plusieurs filles, m'étant vu aller plus souvent qu'autrement maintenant (sans expérience, je ne me regardais pas aller), je vis mes nouvelles expériences très différemment d'anciennement.

    Fort probablement parce que j'ai aussi entreprit ce processus de questionnement. On devient conscient du problème, on analyse plus chaque nouvelle situation en ce sens. Ce faisant, on s'écoute moins, on laisse plus de place à l'analyse, à l'entendement. We've been there before.

    Dernièrement, on m'a courru après. Le dépendant affectif en moi y aurait vu normalement une belle occasion de dépendre... Mais je me suis tenu à distance, et finalement, j'ai refusé de m'engager. Je fais du progrès... Je crois que j'apprends... À petits pas de limace gluante. Avec une coulée de bave en arrière. Je ne crois pas que les efforts pour ce faire me coûtent si cher, comparativement au trouble que je me sauve en ayant avancé légèrement...

    Sur ce, il est où le formulaire d'inscription pour le prochain tournoi mondial ?

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  2. Hey hey! toi le boyz qui cherche de la profondeur...

    Je pense qu'il, pour ne pas le nommer (Dom?), n'a pas complètement tord. Tu dois vivre un "hi" qui te donne le frisson et qui te laisse dans un drôle d'état et qui créer un genre de vide à combler. Ce n'est cependant que l'image que l'on se fait de l'amour et c'est généralement désillusionné après un ou deux ans. Le dépendant, tend à avoir l'illusion plus longue ou a idéaliser certains traits de l'autre dans le but de faire "fonctionner" l'amour et c'est là toute la nuance avec le véritable amour. Selon moi, bien sûr.

    Le véritable amour résiste au temps; à l'illusion première que l'on se fait de la personne, aux problèmes de couple (non, vraiment! et c'est ça l'amour...), à la routine qui doit passer et à l'intérêt qui doit être renouveller, à la belle famille, à la baisse de libido, enfin vous connaissez le reste!

    Si suite à ce genre de réflexions, vous vous dites encore que cette personne est probablement mieux que nulle autre, alors cet amour, bien qu'imparfait, en vaut la peine. C'est ce type de lien qui nous fait grandir, qui fait que l'on accepte des compromis, qui fait que l'on se relève les manches après un coup dur...

    Comment combattre la dépendance? Ça c'est un bout plus difficile. Je pense qu'avoir son lot d'activités "égoïstes" ou l'Autre n'est pas de la partie (EA NHL Tournament, soirée d'échec, souper de boyz à la pizz, activité one on one avec un ami, pratique d'un sport, moment de lecture et solitude, etc) est un pas dans la bonne direction. Avoir son espace qui nous rappel ce qui fait de nous un être à part entière et non un être de fusion: un couple. Oui, c'est ben correct les premiers mois d'une relation, jusqu'à ce que tu commences à oublier certains amis ou jusqu'à ce que tu cesses des activités précieuses à tes yeux. Il ne faut cependant pas mélanger dépendance et relation possessive, certaine personne son "contrôlée" par l'être aimé et ça peut se doubler de dépendance (tout boyz en règle a déjà perdu un ami aux mains d'une "blonde-mère"), mais ce sera le sujet d'un autre billet de notre Franky boy, hein?!

    Pour terminer, j'irais avec cette pensée vis-à-vis l'escargot baveux: il (Brun?) n'a pas complètement tord non plus, lorsqu'il affirme (je le dis dans mes mots) qu'il faut se laisser vivre. Mes plus grands pas de cheminement personnel ont été dans l'acceptation de moi, beaucoup plus que dans la modification à l'escargot baveux... de plus, une phase d'acceptation de soi est très souvent suivit d'un grand changement ni lent ni baveux, c'est bien plus satisfaisant ainsi. Je ne dis pas que cette démarche est inutile, mais elle peut s'avérer plus frustrante et générer des tentions ou des attentes (personnelles ou extérieures) qui sont une source de stresse plus qu'une réelle progression.

    PS: Prochain tournois EA à Sherbrooke avant février?
    PPS: Bon billet!

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  3. Bien d'accord avec Dan sur le passage par une phase d'affirmation de soi, probablement nécessaire...

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  4. Une dépendance est égoïste , le vrai amour est altruiste.

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  5. Frank,

    La question n'est pas sans importance. Par contre, à mon avis, l'important est de trouver une personne avec qui tu te sentiras bien et avec qui tu auras envie de faire un bout de chemin (idéalement le plus long possible).

    Il est vrai que le fait d'être dépendant affectif peut rendre nébuleux la conception de l'amour véritable. Mais le dépendant a-t-il vraiment besoin catégorisé son attirance, son bonheur qu'il a à être avec quelqu'un?

    Alors, non. Je ne crois pas qu'un dépendant affectif arriva un jour à distinguer sa dépendance de l’amour véritable? Mais quelqu'un qui n'est pas dépendant... fait-il d'avantage la différence? hmmmm.

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  6. J'ai vraiment aimé lire ton blog Francois. Parfois je pense que je m'y retrouve aussi à quelque part mais plus j'apprends sur le sujet et plus j'apprends sur moi. J'ai trouvé ca l'fun que tu dises que parfois vous aussi les gars vous avez de telles conversations. La dépendance c'est vrai que ca peut être dur à percevoir quand on aime... C'est ca le mystère de notre vie! Tu devrais lire sur quoi je suis tombé y'a pas trop longtemps. C'est tellement bon! On appel ca le syndrôme de Desperado par Pascale Piquet. Et merci pour ta belle réflection

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  7. Merci tout le monde,

    En réalité, je sais bien que tout cela se passe en nuances et c'est pourquoi je voulais vous lire. J'ai l'impression que la réponse à tout ça est en réalité le melting pot de tout ce que le monde veut bien y mettre.

    Mes deux boyz du billet ont raison chacun à leur façon. Éric a raison en parlant de conscience et de retenue (félicitations pour tes propres pas de limace by the way!!). Mon frère a raison en disant qu'il faut s'accepter. Et M. Burton aussi en disant que ce n'est pas tant possible de distinguer les deux.

    D'ailleurs, je me cite en exemple, mais je crois qu'énormément de monde ont leur petite part de dépendance.

    Jass, merci pour le commentaire et la suggestion de lecture. Et ne t'inquiète pas, je connais des tonnes de gars qui jasent de sujets introspectifs.

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  8. Je prends le bateau un peu sur le tard, mais la réflexion mérite un coup de crayon.

    Pour obtenir une bonne réponse, il faut d'abord se poser la bonne question. Le texte de François et les commentaires en posent trois, bien diférentes. Soit:
    - qu'est-ce qu'un dépendant affectif?
    - qu'est-ce que l'amour?
    - comment passer du premier au deuxième, si j'ai le malheur de me trouver dans le premier état.

    QU'EST-CE QUE LA DÉPENDANCE AFFECTIVE ?

    Daniel a de bons éléments de réponse à cette question. Un «nous» ne peux être composé que de deux «je». L'absence de vie personnelle, en dehors de la présence physique ou mentale de l'autre, me semble un symptôme de dépendance affective. Encore qu'il faille distinguer la dépendance de la passion du début. Il me semble indispensable d'avoir cette aveugle flambée de départ pour créer une braise d'attachement qui nous réchauffe aux moments plus difficiles de la relation. Disons donc pas de vie personnelle après 6 mois ou un an de relation.

    Je retrouve un autre élément de réponse dans celle d'Éric. Accepter toute relation qui se présente est un symptôme de dépendance affective. On peut le faire par
    - fuite de la solitude;
    - par amour de l'amour ( recherche d'une espèce de vision idéalisée de l'amour qui confond la fusion passionnelle du début avec l'amour). La personne avec qui la passion refait surface n'est pas alors très importante, elle n'est que le support de notre projection idéalisée de l'amour;
    - par manque d'estime de soi (j'ai besoin de l'amour de l'autre pour me confirmer ma propre valeur).

    Une troisième caractéristique de dépendance affective me semble être l'incapacité à mettre fin à une relation qui nous fait plus souffrir que ce qu'elle nous apporte de bonheur.

    En somme, La définition du mot dépendre nous donne un bon indice:
    ◆Dépendre de : être dans un état où sa propre existence ou son propre bien-être est impossible sans la présence de.».

    La dépendance affective serait donc un : «État où je dépends de l'amour de l'autre pour vivre».

    Je dépends de la nourriture pour vivre, mais je peux avoir du plaisir à lire, à voir un film ou écouter de la musique. Je peux souffrir de ne pas lire, écouter de la musique ou aller au cinéma, mais je peux vivre quand même.


    Selon moi, la condition indispensable du véritable amour est de pouvoir vivre sans l'autre. L'amour est de faire le choix de vire avec lui, même si je peux m'en passer et malgré les difficultés que cette relation pose. J le faaiss au nom du bonheur que la présence de l'autre me procure.

    Assez proche de la vision qu'a Daniel de cette affection durable qui traverse l'usure du temps tout en continuant de se distinguer de l'amitié.

    C'est un peu ma réponse à QU'EST_CE QUE L'AMOUR?

    COMMENT PASSER DE L'UN A l'AUTRE?
    1. savoir reconnaître qu'on est dépendant
    2. ne pas s'imaginer qu'on s'en sort par la seule volonté.
    3. Savoir observer comment je me sens dans la relation, admettre que je suis encore tombé dans la dépendance, ou que j'en ai encore besoin, sans me culpabiliser et tout en voyant ce qu'il m'est posssible de faire pour plus d'autonomie, plus de véritable plaisir.
    4. Laisser le temps au temps.

    Désolé, je suis toujours incapable de faire court :)

    Robert

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  9. Bon, sorry Franck je n'ai pas su simplement rédiger un commentaire, je me suis laissé aller à en faire une réponse de 1300 mots...

    http://tempetedecerveau.blogspot.com/2012/01/tentative-de-reponse-un-chum.html

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  10. Quelle bonne question... La dépendance peut prendre plusieurs formes. J'en connais quelqu'un(e)s dépendant(e)s à la séduction, d'autre au besoin maladif d'être appuyé(e), et d'autres encore simplement incapable d'être autonome. À moi avis, passer du temps seul, et apprendre à être bien seul avec toi est absolument fondamental pour être bien avec quelqu'un. Ça l'a été pour moi en tout cas. À partir du moment ou passer du temps moi et moi seule était réellement une option, je me suis mise à comprendre mieux ce que je retrouvais dans la compagnie des autres puisque je n'étais plus en état de manque.

    C'est ce que j'ai vécu en tout cas...
    So :-)

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  11. Pour ceux qui ne se donneront pas la peine d'aller lire Matthieu...

    Je retiens beaucoup ça:
    "(...) On n'apprécie que très rarement une personne pour autre chose que ce qu'elle est ou nous apporte. On aime le cul, on aime sa bouffe, on aime sa voix, on aime paraître à ses côtés, on aime ses amis, on aime sa famille, on aime ses goûts vestimentaires, on aime sa façon de se blottir dans le lit, on aime l'amour que l'on voit dans ses yeux, on aime comment on se sent quand on est avec elle, on aime sentir son cœur battre lorsqu'elle nous prend dans ses bras, on aime son rire, on aime son écriture, on aime sa musique, on aime ses goûts, on aime ce qu'elle aime et surtout on aime qu'elle nous aime. Si on aime juste qu'elle soit présente et non pas sa présence, y'a un problème.

    (...)

    Tout cela est bien abstrait, alors je vais te donner mon truc. Quand je doute, je me dis cela : "Tu sais que tu pourrais en avoir d'autres. Tu sais qu'elles pourraient être plus jeunes, plus vieilles, mieux roulées, plus plates, plus grandes, plus petites, plus sympathiques, plus bêtes, plus cochonnes, plus respectables, plus intelligentes, plus connes. En fait, tu sais que tu pourrais avoir un peu tout ce que tu veux dans la vie pour peu que tu t'en donnes la peine, alors est-ce que tu veux vivre ta vie comme tu la vis maintenant?"

    (...) Là, maintenant, je réponds oui.

    Toi?"

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  12. Oh la vaste question !
    Spontanément pour moi être dépendant c’est attendre (et même parfois exiger) que l’autre nous rende heureux.
    Ceci dit l’amour c’est aussi plus vaste que le couple (parents-enfants, vice-versa, créer peut aussi en être une expression).
    Pour en revenir au couple, je n’adhère pas tellement à « personne d’autre ne ferait l’affaire ». Je pense qu’il peut y avoir plus d’un amour dans une vie, ce qui prouve que plusieurs personnes peuvent faire l’affaire.
    Je suis d’accord avec le constat qu’en général la flambée du début se transforme en quelque chose d’autre, qui relève d’un habile « dealage » quotidien de deux entités (de leurs névroses respectives). C’est tout en mouvement et ça danse toutes sortes de danses (plain, valse, tango, danse en ligne ou chacha qui fait 1 pas en avant, 2 pas en arrière…). Tu pourrais sûrement trouver l’équivalent en variétés de styles musicaux.
    Et oui, l’attachement graduel crée une forme d’interdépendance, naturelle mais qui demande de la vigilance pour rester dans ses bottines (ne pas se faire empiéter, ne pas empiéter). En même temps tout cela est par moments inévitable. L’amour c’est grandiose, c’est plein de désir, de partage… mais parfois ça peut être sale (comme changer une couche). Ça peut être sale comme d’avoir blessé l’autre.
    Est-ce qu’on est vraiment toujours capable d’aimer ? De s’aimer, d’aimer les autres (accueillir, pardonner, encourager…) ?
    On n’est pas ce qu’on voudrait, l’autre non plus, alors tout cela est fait d’essai-erreur. C’est pas facile de vivre avec soi-même, alors avec quelqu’un d’autre ! (ou quelques autres dans une famille) ! C’est imparfait, plein de contradictions, d’impuissances, de joies, de déceptions. Et ce sont tous ces moments qui peuvent faire qu’on finit par être « à l’aise ensemble », qu’on peut être soi-même (dans le beau et le laid) et l’autre aussi. C’est sentir qu’on peut compter l’un sur l’autre. C’est avoir encore envie d’être là, de faire les efforts pour réparer ce qui craque. Mais des fois, les blessures sont trop grosses ou les chemins ne peuvent plus aller dans la même direction sans trop de frustration. Ça peut faire partie de l’amour d’accepter ça aussi.
    Et puis, l’amour a le dos large !
    J’ai envie de finir par un bout de la chanson d’Yvon Deschamps
    (chanson qui parle si bien tout ce qu’on met dans ce concept et ce sentiment : amour de la patrie, amour-haine…)

    « Aimons-nous quand même, Aimons-nous jour après jour
    Aimons-nous quand même, Aimons-nous malgré l’amour… »

    Anne-Marie

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  13. Je vais y aller avec ma propre pseudo-vérité, sans aucune prétention de mettre le doigt sur quoi que ce soit…un exercice pour moi-même également, une séance d’auto-psychologie à cinq cents !


    D’abord, il est erroné de penser que les filles n’ont que des discussions profondes et immaculées de pureté ! Malheureusement, nous connaissons notre lot de misérables conversations à saveurs de sacoche, rouge à lèvre, fer plat, calorie, bout de tissus quelconque…et oui, pénis également !!! Et comme bien des gars, beaucoup de filles sont incapables d’introspection. Mais bon, là n’est pas la question… quoi que je tenais à dire que les plus intéressantes et profondes conversations que j’ai eu, c’est avec le sexe opposé que ça s’est passé…je fais allusion à un dialogue verbal…des paroles…bien sur !

    Pour en revenir à cette interrogation, je pense qu’il faut d’abord savoir ce que tu entends par « dépendant affectif » !? La définition peut être très large, selon ton expérience de vie ou tes connaissances sur le sujet.

    Je pense qu’il y a deux types de dépendants affectif, les « ponctuels » et les « chroniques ».

    Les « ponctuels » apparaissent dans une situation de déséquilibre du couple, et touche les gens qui s’aiment, ou se sont aimés. En fait, ça se produit au summum du phénomène du « paradoxe de la passion » ou autrement appelé, le balancier. Je ne sais pas si tu connais…il existe plein de bouquins plus ou moins intéressants sur le sujet…J’explique rapidement…Quand un couple va bien, c’est qu’il existe un équilibre amoureux entre les deux individus. Les deux se sentent aimés autant qu’ils aiment l’autre…et tout va bien, c’est l’équilibre ! Lorsque cet équilibre devient instable, qu’un des deux semble s’éloigner, à l’encontre de la volonté de l’autre, la personne qui subit l’éloignement vit un manque…un besoin, une insécurité et cherche naturellement à retrouver l’équilibre.
    Si la distance pour remettre le balancier droit n’est pas trop importante, le phénomène de dépendance affective ne se produit pas. Toutefois, si le déséquilibre est trop grand…alors là, tout s’enclenche. Dans sa recherche de retour à l’équilibre, la personne « rejetée » ira constamment vers l’autre, fera des pieds et des mains pour retrouver l’autre…et paradoxalement, ce genre d’attitude (persécution, envahissement, acharnement…) repousse celui qui s’éloigne encore plus…et le fossé se creuse, la dépendance à l’autre s’établie.
    La personne dans sa quête de son partenaire, ne se voit jamais satisfaite, puisque toujours repoussée...et si elle ne réalise pas se qui se passe, elle deviendra définitivement dépendante affective de cette personne….et risque de l’être aussi dans ses relations futures, si elle ne règle pas cette situation…une dépendance chronique.

    L’autre type de dépendance affective, les chroniques, sont beaucoup plus « graves » à mon avis car il remonte généralement d’un problème affectif, provoqué par une situation X-Y ou Z du passé (cliché…mais malheureusement vrai). Pour régler ce problème, il faut donc affronter ou chercher ce qui a déclanché son apparition…Ça peut être long, mais c’est le seul salut pour arriver à vivre une relation saine dans le futur…faire un micro pas de larve gluante…Je sais de quoi je parle…mes deux derniers copains étaient très dépendants affectifs…chacun dans une des différentes catégories décrites… :-S ET aux dernières nouvelles…leur trace gluante avait progressée !

    (partie 1)

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  14. (partie 2)

    Pour ce qui est de savoir si ce que tu vis est de l’amour ou de la dépendance affective…Là, ça devient un peu moins évident…
    Je pense que tu ne peux pas vivre un Amour pur et vrai si tu n’es pas bien avec toi-même (encore cliché…mais vrai). Une personne dépendante affective chronique, vit constamment dans le besoin (par définition de la dépendance)…dans le besoin d’affection. Souvent, ces personnes ne se valorisent que par la reconnaissance des autres, voire même, juste par la présence de personnes autour d’elles. Livrées à elles-mêmes, seules, elles sont inconfortables…elles ressentent un vide…une insatisfaction d’elles-mêmes. Elles tombent en « amour » avec la première personne venue, la première qui lui donne l’attention dont elles ont besoin…et elles préfèrent souvent être mal accompagnées plutôt que seules…

    Une personne qui aime sainement, n’aime pas pour combler un besoin. Elle aime en complément au reste de sa vie. Certes, l’Amour vient combler un « espace » que rien d’autre ne peut remplacer…mais ce n’est pas un substitut à une carence…c’est un supplément !

    Finalement, je pense que la réponse se trouve dans la connaissance de soi. Si tu sais que tu es dépendant affectif…il y a peu de chance que ça disparaisse instantanément et encore moins, à travers l’affection d’une autre personne…il faut retourner à la source et ensuite, cette personne qui te donne ou donnera de l’affection, sera en mesure de mieux t’aider, si tu lui partages ce « problème » et ce que tu connais de celui-ci.

    D’après moi, qu’on soit dépendant affectif ou pas, la force des sentiments que l’on ressent quand on est en Amour ou en mode de satisfaction de la dépendance affective, est très intense, irrationnel…et peut être d’une durée variable, selon le caractère des personnes et la situation…Donc beaucoup trop de similitudes…ce qui fait que la question ne devrait pas se poser à ce niveau (pendant la relation)…mais plutôt au niveau de l’appréciation de sa propre personne (avant la relation). Évidemment, je parle des cas de dépendants affectif chroniques…

    Sur ce, je te souhaite un bon cheminement...et je suis certaine que tu avanceras, puisque tu prends déjà la peine de te questionner !

    Suerte
    Jasmine

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  15. Ulysse de l'autre25 janvier 2012 à 21:28

    Quelque peu en retard, désolé...

    Le jour ou celui (ou celle - la réciproque féminine est implicite dans le reste du texte, et tout ce qui s'en suit) "qui dépend" se demande s'il est heureux est celui qui marque le début de la fin.

    Le fait de satisfaire sa dépendance porte sa propre récompense. Du moment que cette satisfaction est mise en doute, cette dépendance précise l'est aussi.

    Il peut s'agir d'une absence, d'un mot de trop, d'un "la lunette des toilettes est encore levée!" ou d'un "j'ai encore trouvé un emballage de tampon par terre!", peu importe le déclencheur: une fois que la question est posée, la prise de conscience suit... parfois lentement, parfois rapidement. Mais c'est quand même comme ça que le dépendant en prend conscience.

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  16. Bonjour François,

    J'aime bien synthétiser ma pensée, car elle agit en tant que repère lorsque mes capacités mentales n'atteignent pas ceux d'une ado révoltée.

    À ta question, je répondrai:

    Un dépendant affectif ne peut que considérer ses propres besoins;

    Une personne amoureuse considère le bonheur et l'évolution de l'autre.

    Après ça, bonne chance l'équilibre! Je crois que l'amour est dans le don de soi et dans le partage et que malheureusement, les dépendants affectifs sont au prise avec leur propre carence ce qui les handicape face à la demande affective opposée.

    La différence entre les deux pourrait-elle résider dans la sorte d'intérêt portée à l'autre?

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    1. Merveilleuse synthèse! Merci.

      "La différence entre les deux résiderait dans la sorte d'intérêt portée à l'autre." Ça me plait.

      "Après ça bonne chance l'équilibre!" J'ai le feeling qu'on vogue généralement quelque part entre l'amour et la dépendance... la maturité affective permettant de rester de plus en plus souvent du côté de l'amour, j'espère.

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