dimanche 30 mai 2010

les tuiles s'accumulent

Il y a deux ans, j’ai abandonné mon projet de compos. Décision difficile que j’ai pourtant presque prise sur un coup de tête, m’apercevant subitement que l’élan ne suffit pas si le cœur est à la traîne.

Ensuite, il y a eu la fermeture de mon site favori. Infime incident sur le Big Fucking World Wide Web, il a eu sur ma vie des répercussions majeures puisque je me retrouvais du jour au lendemain sans vitrine pour la création, moi qui carbure fort à l’intérêt qu’on porte à mon travail.

Quelques mois plus tard, c’est ma collaboration avec le magazine qui se terminait. La faute à la crise, m’a-t-on dit. Depuis, je ne suis plus payé pour écrire.

Puis, coïncidant avec le déménagement de mon frère et de sa copine à Sherbrooke, il y a eu le départ de ma blonde pour la Hollande ; ce qui a mené à la rupture dont j’ai déjà assez parlé.

Dans tout ça, je n’ai à peu près rien dit de mes proches, ils sont pourtant loin d’être au sommet de leur forme.

Et voilà qu’hier, le gérant du bar qui emploie mon band depuis deux ans nous annonce gentiment qu’on est probablement clairés. Faut encore attendre l’appel du boss, mais mon instinct se bouche déjà le nez tellement ça pue. 25 shows de moins par année. Et tant pis pour le contrat, ça s’utilise à sens unique, celui du patron. On a aussi vu à nous préciser que depuis un mois, on n'est pas à notre meilleur. Ah, tiens, vous aviez remarqué? Ma blonde m’a laissé un matin de show.

Les tuiles s’accumulent. J’ai la tête dure, mais avec un genou par terre, j’avais vraiment pas besoin d’un autre coup de pelle en pleine poire. Il commence à être flou le film de mon existence, et je vois de très près le plancher du ring. L’arbitre des crie choses, mais sa voix se perd dans la terrible résonance du World Wide Gong.

Je me suis démené pour ce projet là. Je me suis démené pour tout. Et partout, PARTOUT, on me dit la même chose : « t’es vraiment bon, MAIS… ».

À force d’être « vraiment bon MAIS », on fini par se demander si on sera jamais assez vraiment bon et si ça vaut vraiment la peine de s’investir dans quoi que ça soit.

Ma plume de plomb ne vole pas haut. Pourvu qui pleuve pas, je serais trop lourd pour flotter.

Alors, je prends un pacte avec la vie : crisse-moi la paix pour quelques mois, le temps de me refaire une beauté, perds mon numéro, vas fesser ailleurs, emmerder quelqu’un d’autre, prends des vacances, je suis écoeuré là.

Et pendant que tu prends les requêtes, donne donc congé aux haïtiens et fais fermer les usines de marées noires. Tout le monde se force, fais ta part.

Et si tu fais encore dans le miraculeux, on attend l’appel du patron du bar cette semaine.

J’ai l’espoir tenace, mais, câââlice…

By the way, appelez-moi pas personne, je m’en vas me coucher!

samedi 29 mai 2010

Inès

Inès, c’est ma voisine d’en bas à droite. Une chilienne de 82 ans. Cette femme là, c’est toutes les grands-mamans du monde en une seule, et l’humanité tiendrait au complet dans son cœur sans être à l’étroit.

En descendant faire des courses, je la croise sur le pas de la porte. Elle est revenue avant-hier d’un voyage d’un mois dans son Chili natal, épanouie, comblée, belle en dedans comme dehors. Je la soupçonne même d’être un peu plus jeune qu’à son départ.

En un mois, elle a manqué ma petite catastrophe, mon gouffre abyssal à moi tout seul, ma rupture. C’est avec son infinie gentillesse qu’elle me demande des nouvelles d’Elise et qu’elle devine dans ma réponse concise tout ce que j’ai à lui dire. Alors, elle me serre dans ses bras, tout bonnement. Pas de pudeur, pas de retenue et surtout, pas de malaise. Moi, j’ai envie de pleurer de joie et de peine tout en même temps. Tout ce que j’ai pu essayer d’expliquer, elle le sait. Ce que j’ai vécu et ce qui me reste encore à passer, elle le sait. Et la part de réconfort que je me refusais encore, elle me l’offre. Délivrance.

Comme si ça ne suffisait pas, elle en rajoute : « Mon plou grand fils lui a cinequante-houit ans, tou es comme oune petit-fils. ».

Là-dessus, je l’aide à porter ses paquets jusque chez elle. Elle m’annonce qu’elle passera bientôt me donner des empanadas. En la quittant, je lui dis de prendre soins d’elle et elle me répond avec son sourire de vieille dame qui n’a rien à craindre de rien: « Non, tou prends soins de toi. ». Allez donc la contredire.

samedi 15 mai 2010

roulette

j’ai aimé comme un joueur compulsif. mon cœur sur le 7 rouge.

je sais aimer. imparfaitement. mais de mon mieux quand même. je peux me donner pour vrai. croire au présent. être entier. être là.

maintenant, j'ai peur d'être abîmé par la rupture.

j’ai aimé comme un joueur compulsif. miser mon cœur est une chose que je fais bien, le reprendre... je sais pas comment.

jeudi 13 mai 2010

capsules de sauvetage

presque un mois déjà.

s'accrocher à la vie en laissant partir le bonheur pour un moment, ce n'est pas simple.

les mots et le corps ne s'entendent pas. malgré toutes les preuves qui s'accumulent. les cadres brisés. les amis qui tendent les bras. les prises de décision. nouveau coloc. nouvelle vie. y a ma peau qui t'attend encore. y a ma tête qui reste en arrière.

en attendant, la vie tire les ficelles sans aide comme si elle-même refusait de se perdre, de se laisser gaspiller par la tristesse.

un jour tu reviendras de la lune dans une capsule. les gens t'attendront avec des fleurs. personne ne saura vraiment ce qui t'est arrivé. je te verrai à la télé et j'aurai l'impression de tellement te connaître. j'espère que je serai moins vide alors.