jeudi 2 février 2012

au moins autant de vies qu'un chat

Croyez-vous à la réincarnation? "Question de marde", diront ceux qui ne sont pas déjà retournés sur facebook en lisant le mot. "Question de la plus haute importance", diront quelques ésotériques. Il paraîtrait que la physique quantique est rendue à penser le monde en multivers: des milliards d'univers parallèles au nôtre avec des copies de chacun de nous qui évoluent de leur bord (wooooooah)... rendu là, c'est difficile de débattre de la question de la réincarnation. Honnêtement, c'est même pas exactement de ça dont je veux vous parler.

La réincarnation qui m'intéresse aujourd'hui n'est pas celle qui intervient après notre vie, mais celle qui survient pendant notre existence. Vous savez? La mue des serpents, les chenilles, les papillons... mais chez l'humain. Et je ne parle pas ici d'extreme make over (qui n'est que votre vieille personnalité enduite d'une sérieuse couche de vernis), mais bien d'une transformation profonde.

Je suis mort plusieurs fois depuis ma naissance. Au primaire quand un gars quatre ans plus vieux que moi et au moins autant de fois plus gros m'a tabassé pour me piquer trois (3!!) crayons. Au secondaire quand mes parents se sont séparés juste comme je projetais faire une crise d'adolescence en règle. En déménageant, en perdant des amis, en abandonnant des projets qui me tenaient à coeur, à ma première petite peine d'amour, à ma première grande peine d'amour, etc.

Je suis mort plusieurs de fois, mais je suis surtout mort, mais là vraiment mort il y a deux ans, quand toutes les lumières importantes de ma console de vie se sont éteintes les unes après les autres. Mon coeur s'est arrêté de battre en direct sur ce blog le dimanche 30 mai 2010. J'étais mort. Puis. Tranquillement. Je suis revenu vers le monde des vivants. On peut suivre tout mon déclin, mais également mon retour à la vie sur Plume de plomb. Sans trop me voir aller, mes textes sont passés du lourd au léger... et même la page (grise) a changé de couleur.

Pourquoi je raconte tout ça? Comme d'habitude, j'arriverai au point, suivez-moi encore un peu. On se relève de toutes les morts pour commencer de nouvelles vies (réincarnation, quand tu nous tiens). Mais on ne recommence pas toujours des vies meilleures (crap!). Des fois elles sont seulement semblables et d'autres fois carrément pires (boooouuuh!). Ça dépend de ce qu'on en fait, un peu. Ça dépend de la chance aussi. L'avantage d'une bonne vieille mort sur tous les plans, c'est qu'on repart à peu près à neuf.

En ce moment, je me sens neuf. Neuf comme les fois où on se dit "si je pouvais recommencer ma vie au début avec tout mon bagage, maudit que j'en profiterais!". C'est un incroyablement bon feeling, mais ça me dépasse. Et je crois qu'une découverte qui me dépasse n'appartient pas qu'à moi, il faut que je la partage. [Sans compter que j'adore essayer de mettre en mots l'inexplicable, fermez le crochet->].

Je pense aux gens qui ont touché le fond du puits sans fond. Quand on est rendu là, la voix des autres est loin, on n'espère plus d'aide, on ne sait même plus que ça existe. Ça existe! Je pense aux gens qui ont l'impression de ne pas se réaliser pleinement, de se taper toujours la tête sur le même mur ou d'écouter en boucle une chanson qu'ils détestent. On en sort! Je pense aux gens atteint de l'instinct de l'antilope blessée qui cache sa blessure aux lions pour ne pas se faire bouffer... il y a tellement moins de lions qu'on pense! C'est vrai que le monde ne tourne pas rond, mais il y a toujours (fiou) quelques mains tendues.

Au secondaire, ils faisaient venir des gens pour parler de suicide et de dépression. La majorité d'entre nous écoutait sans trop comprendre. On était curieux parce que c'était une vedette ou juste parce que la personne était fine et intéressée par les jeunes. Ça nous sortait de la tête quelques jours après parce qu'on allait bien, et c'est tant mieux! Mais aujourd'hui, avec le recul, je pense à ceux qui songeaient réellement au suicide et je suis reconnaissant envers ceux qui sont passés nous rencontrer. Aujourd'hui, je trouve ça bien dommage qu'on n'ait pas quelqu'un pour venir nous jaser de dépression et de suicide dans notre vie d'adulte...

Pourquoi je raconte tout ça? Pour partager mon impression d'avoir au moins autant de vies qu'un chat. Parce que celle qui commence sera belle. Pour nous/me rappeler que pour se réincarner dans cette vie-ci, il faut se cramponner à elle, même quand elle fout le camp en laissant derrière tout ce qui comptait pour nous. Pour apprendre à ne plus autant me cramponner au reste. Même la job de rêve, même les amis, même l'amour... ce n'est rien si la vie n'y est pas. Faut bâtir le château à l'endroit.

3 commentaires:

  1. Bâtir le château à l'endroit, oui et on le peut quand on n'a pas vécu que des morts pendant notre vie. S'appuyer sur... et bâtir avec les matériaux et les outils qu'on a ramassé et appris à utiliser, quand on était enfant et maintenant adulte.
    Je sais, je me souviens et j'ai ressenti...chaque fois où tu es mort depuis ta naissance. Tu es une forte force tranquille, te rappelle-tu, et les années qui commencent seront assurément belles!
    Merci pour cet autre partage authentique et si beau.
    Monique

    RépondreSupprimer
  2. Bonne chance dans ta nouvelle vie! :)
    Dan

    RépondreSupprimer