vendredi 29 avril 2011

silence [radio]

Parfois, les heures passent comme des mois. Aujourd'hui, j'ai vieilli d'un an à attendre de ses nouvelles. Une journée entière à faire semblant de dompter ma dépendance, à vérifier dix fois mes courriels entre quelques notes de musique, à marcher sous la pluie en se demandant l'opinion qu'elle aurait de mes bottes de caoutchouc, à acheter ce qu'il faut pour le repas où elle viendra, à relire sur mon tableau noir cette résolution intenable et douloureuse: "apprendre à attendre".

S'occuper sans y croire en s'interrogeant en boucle sur les raisons de son silence, le coeur sur l'enclume, meurtri par trop de questions. Peur de mal faire, si elle est triste. Peur d'être seul, si elle s'en fout. Peur de la perdre, si elle est fâchée. Peur de se perdre, à force de vivre dans l'infime espace qui reste quand tous les autres ont pris la place dont ils ont besoin. Découragé de revendiquer pour ne rien obtenir, à coup de pétards mouillés et de dynamite à la mèche trop courte.

Dans cet état, il faut s'en remettre à plus grand que soi. À ceux qui nous comprennent sans même le savoir et qui nous sauvent, trois minutes à la fois ; les paroles et la musique des autres sont une bénédiction. Ces temps-ci, c'est Lenka qui chante pour moi:
"I'm just a little bit caught in the middle
Life is a maze and love is a riddle
I don't know where to go, I can't do it alone I've tried
And I don't know why..."

Du coup, je suis de nouveau apte à supporter la solitude, je souris même. Et quand on arrête de l'attendre, le téléphone sonne. Et quand on arrête de l'attendre, c'est elle. On ne se comprend pas toujours, mais elle ne s'en fout pas, et elle s'ennuie, elle aussi.

Note à moi-même: prochaine fois, commencer par la toune.

3 commentaires:

  1. Coucou ! Comme si souvent, ton message fait mouche dans ma vie. Juste en ce moment, je suis celle qui se tait, qui ne donne pas de nouvelles, qui se cache dans un silence qui s'espère loquace. En lisant tes lignes, je me sens un peu ridicule en prenant conscience à quel point à "l'autre bout", c'est pas marrant d'attendre. Je vais donc rompre ce silence un peu caprice, par ricochet. Je pense que quelqu'un qui ne te connaît pas te sera reconnaissant et moi, il faut que je me fourre dans le crâne que j'ai définitivement passé l'âge de jouer l'enfant gâtée!Heureuse de ton bonheur.
    Valérie

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  2. @Valérie, content de lire ça!

    Mon but en partageant ceci est justement de réconcilier les deux côtés...

    Apprendre à attendre, c'est sain et ça respecte le besoin d'espace de l'autre. Je veux m'améliorer.

    D'un autre côté, je trouve aussi sain de pouvoir passer par dessus un silence "punitif".

    Au plaisir!

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  3. Le silence. Tellement destructeur que j'ai du l'écrire pour me vider le coeur. "Conte"

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