samedi 31 mars 2012

le monde de la corneille

Quelque part entre le sommeil et l'éveil, j'émerge doucement dans la pénombre. Avant d'ouvrir l'oeil, je connais l'heure. Une heure unique de contours et de formes, de demi-teintes grises et violettes... où les pensées profondes et volatiles vont à leur guise avant que le cadran ne se souvienne du sens des chiffres. Le monde de la corneille, m'a-t-on dit. Je n'ai pas compris.

Dans la pénombre, j'ai ouvert les yeux sans m'en apercevoir. Autour de moi, les objets ont une présence, un poids, une âme... mais aucun nom. Je regarde, j'écoute et j'existe avec eux entre la nuit et le soleil qui commence à poindre. L'obscurité délicate cédera bientôt sa place aux couleurs criantes. L'air de silence qui permet au moindre bruit de se faire entendre sera bientôt saturé de vie. La noirceur se retirera lentement comme une main de fantôme sur une harpe et le jour aura repris sa place au réveil de la horde.

Les contemplatifs, les corneilles, reprendront leur apparence humaine pour se fondre dans le tumulte du jour, imprégnés par le calme et la sagesse de l'aube. À midi, les diurnes auront chassé toute la mélancolie du monde. Le présent sera une fête. Et pour les remercier, à la tombée de la nuit, nous leur raconterons comment le soleil se lève.

3 commentaires:

  1. C'est l'équivalent de l'entre chien et loup, quelques heures plus tard. Personne ne sait vivre ses moments, merci de nous rappeler que ça existe!

    Grand-Langue

    RépondreSupprimer
  2. Je goûterai davantage ce moment unique de la journée. Merci François

    RépondreSupprimer
  3. C'est très beau.
    Merci et bonne journée

    RépondreSupprimer