lundi 7 mars 2011

de l'essence et de la blessure, dialogue


Mon dernier billet a été inspiré d'une phrase d'une personne sage en qui j'ai confiance et qui affirme que:
«On se séduit dans notre essence mais on se rencontre dans notre blessure».

Suite à ce billet, j'ai reçu un message d'une autre personne sage en qui j'ai confiance qui (à première vue du moins) vient contredire et nuancer non seulement mes propos, mais l'affirmation elle-même...

Je vous laisse le texte complet avant d'en reparler plus bas:

« Premièrement, je ne crois pas « l’essence des personnes ». Selon cette terminologie, chaque personne aurait un ensemble de caractéristiques relativement stables, innées ou acquises, l’histoire ne le dit pas. Mon expérience me montre que les humains sont plus changeants que cela. Je ne nie pas que certains traits de caractère puissent avoir une base biologique. Je suis aussi assez convaincu que la socialisation de la petite enfance laisse des marques profondes. Mais, à mon avis, rien n’est totalement immuable, ce que laisse croire le mot essence.

Deuxièmement, l’affirmation que tu commentes laisse croire que l’« essence » de chaque humain est fondamentalement positive. Bien que je puisse admettre que l’on séduise d’abord en présentant les caractéristiques les plus agréables de notre personne, je ne pense pas que les humains soient agréables par essence. Mon expérience me laisse croire que tous les êtres humains sont passablement ambivalents. Ils sont capables du pire et du meilleur.

Troisièmement, se rencontre-t-on dans notre blessure? Il est indéniable que tout humain a sa part de blessures. La découverte de la blessure de l’autre est effectivement un moment clef de la rencontre.

Quatrièmement, j’articulerais assez différemment, le lien entre blessures et côtés plaisants de notre personnalité à mon avis la séduction table effectivement sur nos réels aspects plaisants, mais elle repose aussi en partie sur une illusion, parfois sur un mensonge. La séduction camoufle consciemment, ou inconsciemment, la part d’ombre qui nous habite. Ombre qui découle directement de notre blessure. Je pense donc que toute séduction repose à la fois sur nos aspects positifs et sur notre blessure, telle qu’elle se présente, déformée par nos mécanismes de défense, qu’ils soient conscients ou inconscients.

Cinquièmement, avec le temps, chacun de nous voit à travers le miroir déformant de l’autre. La blessure apparaît. On peut alors adopter deux attitudes, construire une relation qui ait pour base le renforcement des mécanismes de défense, pas très intéressant. Ou, plus stimulant, source de ce que je nommerais le véritable amour. Apprendre à aimer l’autre avec ses blessures. Lorsque cela se passe, les mécanismes de défense ne sont plus aussi nécessaires dans le cadre de la relation. On peut alors briller de nos seuls traits positifs, sans dépenser une précieuse énergie de surenchère visant à camoufler les blessures. Je crois que c’est la source de la longévité d’une relation. Cela ne signifie pas que les blessures de l’autre, ou les nôtres, ne nous font pas souffrir à l’occasion, mais il y moins de véhémence dans la confrontation et plus de support mutuel pour la surmonter.
Food for thoughts... »

Il y a matière à réflexion, c'est le moins qu'on puisse dire!

Les humains sont capables du meilleurs comme du pire, ils ne sont pas agréables par essence et l'essence, par définition, est une chose immuable alors que les hommes, eux, sont changeants... j'achète (MAIS!!).

J'achète mais, utiliser une définition plus souple de l'essence, choisir de rechercher chez les gens leur fond positif et leurs côtés brillants, accorder une plus grande part à ces facettes, n'est-ce pas déjà leur donner meilleure une chance de surmonter leurs blessures? N'est-ce pas une manière d'orienter les gens vers le meilleur plutôt que le pire (puisqu'ils sont capables des deux)? N'est-ce pas justement leur offrir plus de latitude et de "muabilité"?

Je crois que l'affirmation initiale ne nie pas la part d'illusion ou de mensonge que peut induire la blessure dans la séduction, je crois qu'elle la fait délibérément passer en second plan. Je ne crois pas qu'elle soit candide ou naïve au point de sous-entendre que "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil"... je crois plutôt qu'elle est un rappel que "tout le monde a du beau et tout le monde a du gentil"!

Et c'est pourquoi je crois qu'au final, mes deux sages se rejoindraient probablement aux quatrièmement et cinquièmement du deuxième texte. À mon avis, ils diffèrent surtout dans leur degré scepticisme.

J'aime bien l'idée de donner aux gens le bénéfice du doute, d'agrémenter l'objectivité et le réalisme d'une part de rêve et d'espoir, de chercher à se délester de la méfiance pour faire place à autre chose... "tricher" vers le positif (ou simplement mettre l'emphase là-dessus) pour infléchir la balance du monde dans ce sens là.

Food for thoughts...

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