vendredi 9 janvier 2015

l'humour et la mort

J'ai essayé d'écrire à propos de la tuerie à Charlie Hebdo, mais c'est difficile de trouver les mots.

Ça m'a fait un peu de bien de tomber sur ce texte des Indignés sur Facebook...



Je fais partie de ces gens qui songent presque chaque jour à la condition humaine... Devant cette tragédie, je ne peux pas m'empêcher de penser que pour ces 12 morts qui nous touchent, il y a des douzaines et des douzaines d'autres personnes qui souffrent chaque jour sans attirer l'attention.

Ces douzaines de douzaines là n'ont simplement pas le luxe d'être des icônes. Et ça ne sera jamais "à la mode" de s'émouvoir de leur condition.

Il y a quelque chose de frappant lorsqu'un symbole est attaqué. Il y a quelque chose de frappant dans le contraste entre notre empressement à réagir pour un symbole et notre incapacité à agir pour les gens.

De ce que j'en comprends, c'est plus facile de s'approprier le deuil de 4 visages connus (on a peu vu les 8 autres victimes) que cent mille. D'accord. Et si on en profitait pour réfléchir et réellement en retenir quelque chose...

Dans un mois, le tumulte sera passé, cédant la place à l'attentat du jour. Dans un an, nous auront une date commémorative de plus. Même les icônes s'estompent devant la nouveauté.

Pour moi, au delà de l'empathie pour les familles, le massacre chez Charlie Hebdo amène plein de questions sur l'importance de la liberté d'expression et de l'usage qu'on en fait.

Est-il possible de rire de tout? Oui.
Est-il nécessaire de rire de tout? Non.
Devrait-on avoir le droit de rire de tout? Oui.
Devrait-on faire le choix de tout? À chacun de tracer la ligne.
Peut-on mériter la mort pour avoir fait de l'humour? Jamais.

La tuerie m'amène aussi à revoir mes réactions (loin d'être toujours exemplaires) face à la différence d'opinion; à réaliser que je défends encore parfois des principes au mépris de l'interlocuteur; à constater que j'oublie parfois la chance que j'ai de pouvoir écrire ce que je veux sur un blog comme celui-ci; et à mesurer le poids de cette fameuse liberté au nom de laquelle certains perdent la vie.

Si quelques médias choisissaient aujourd'hui de consacrer autant d'énergie à chaque injustice, si les spectateurs que nous sommes prenions le temps de faire un réel examen de conscience devant chaque drame; peut-être éviterions nous quelques inadmissibles massacres.

2 commentaires:

  1. Encore une fois, merci François, pour cette réflexion partagée. M

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  2. Tes propos sont toujours pertinents et font avancer notre réflexion. Je pense qu'ils devraient paraître dans un livre (ou un recueil) et surtout être publiés.
    Monique

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